J'ai eu la chance de recevoir cet ouvrage en participant à une sélection de critiques, et j'ai vraiment été ravie : j'avais choisi Archi Brut parce que ça changeait de mes lectures habituelles et parce que la couverture m'avait attiré de façon magnétique ! Parfois, il n'en faut pas plus pour se lancer dans une nouvelle expérience terriblement positive !
Tout d'abord, je voudrais parler de l'ouvrage en tant qu'objet parce que sa couverture en cartonnage épais, ses proportions agréables (grand mais facile à manipuler), son poids en font un objet « brut » en adéquation totale avec le sujet.
Je n'y connais pas grand chose en architecture (autant dire...rien) mais j'ai compris de suite ce qui m'avait autant attiré . Je suis une amoureuse de science-fiction, en particulier des univers post-apocalyptiques. Et la plupart des bâtiments photographiés seraient parfaits pour illustrer les livres que j'aime tant – c'est d'ailleurs une citation de George Orwell qui nous accueille au début d'Archi-Brut.
Le fait que les photographies soient en noir et blanc, les lieux déserts, comme abandonnés, cela accentue la pureté et la simplicité des lignes, et aiguise d'autant plus les émotions ressenties devant ces bâtiments. Je ne pense pas que le brutalisme puisse laisser quiconque indifférent.
Vertigineux ou trapus, chaque bâtiment a évoqué pour moi bien plus que du béton « utile ». Au fil des pages, j'ai vu des monstres minéraux endormis, des vaisseaux spatiaux échoués à flan de colline ; j'ai vu des insectes géants, des sauterelles, des chenilles, certains dotés de centaines d'yeux, j'ai vu des ruches gigantesques, des bogues de châtaignes hypertrophiées, les locomotives, des vagues minérales...
Et si on accompagne la découverte de l'ouvrage par l'écoute de groupes de musique dont parle l'auteur, et bien...là , c'est le décollage pour un autre univers qui est assuré !
Le brutalisme, pour moi ? C'est une architecture qui me met mal-à-l'aise, les bâtiments me semblent parfois être des créatures hostiles se préparant à m'écraser.Paradoxalement, je me sentirais en sécurité si je devais habiter une de ces « entités », comme à bord d'un vaisseau de guerre ou à l'abri d'une forteresse. Mais est-ce que le brutalisme me plaît ? Il me déconcerte, plutôt ! La pureté des lignes-brutales, la simplicité-des masses de béton, le jeu d'ombres qui transforme les murs... La définition qui s'est le plus rapproché de ce que j'ai ressenti est la suivante :
« L'architecture brutaliste était une esthétique politique, une attitude, une arme servant le précepte selon lequel rien n'était trop beau pour le commun des mortels. »
Owen Hatherley.