Comment chroniquer un livre aussi fort ? Moi en tout cas, j'en suis incapable. Je m'étais promis de le relire, c'est chose faite, et Heureux les simples d'esprit m'a à nouveau terrassé par sa justesse, transporté par son énergie.
Cara Zina y parle de sa vie au sens le plus large et à la fois le plus intime : de son adolescence à ses amants, en passant par la rencontre de son mari et de l'arrivée de leur fils. Les aventures d'une vie de femme, mouvementée, tumul-tueuse, avec ses cotés très -faussement-"rangés" d'enseignante et de maman.
Le mieux est de vous laisser quelques extraits, mais il faudrait citer le roman entier !
A propos de son ex mari, qui a glissé dans l'alcool et les comportements violents :
"Et moi j'ai mis si longtemps à m'en rendre compte, j'ai voulu croire qu'il était marabouté, surmené, déprimé, qu'il irait mieux quand il aurait un vrai travail qui lui occuperait l'esprit, qu'il serait guéri q'il avait un enfant qui le détournerait de lui-même...j'ai tellement repoussé les limites du raisonnable, relativisant toujours par rapport à l'étape précédente, ça avait fini par être lui et moi contre le monde entier, qu'il a fallu mettre des kilomètres entre nous pour retourner à la norme, à la vraie vie, au libre arbitre. la distance m'a permis de m'affranchir physiquement et le temps de m'affranchir moralement. " p.56
A propos des regards que les gens portent sur elle et son fils handicapé :
"Je voudrais que les gens comprennent que la compassion pue le mépris, autant que le bon esprit pue la connerie." p.73
La plus phrase la plus forte du roman, parce qu'elle a trouvé un écho dans tout mon être : "J'essaye d'être résolument optimiste à tendance invincible" p.54
Un très beau roman, un cri de guerre contre la bêtise, mais aussi une déclaration d'amour et de vie.