Certainement le roman le plus noir que j'ai lu depuis longtemps. Pas dans le sens gore, ou plein d'un dense mystère. Non, noir de crasse, de bêtise humaine, de pauvreté, de tristesse. Ce roman dresse le tableau d'un beau gâchis bien réel, bien actuel.
Le manque de moyens à tous les niveaux, que ce soit l'école, la police, les hôpitaux. L'épuisement des professionnels, autant physique que moral. Le dialogue impossible.
Une tranche de réalité bien amère, qui donne envie de vivre ailleurs, sur une autre planète. L'auteur maîtrise aussi bien la salle des profs d'un collège que la plongée dans l’extrémisme religieux, ou encore les rouages d'une opération policière. Il peut se mettre aussi bien dans la peau d'un commissaire que celle d'une jeune prof de collège qui fait sa première rentrée.
Malgré tout, quelques clichés m'ont un peu dérangé, mais ...Peut-être que ce n'est pas aussi caricatural que ce que mon esprit voudrait le croire. Par contre, je n'ai pas pu m'empêcher quand même de trouver un peu de partialité dans le roman, car si des extrêmes sont en effet pointés du doigt (extrême droite/salafisme djihadiste), si l'éducation nationale en prend pour son grade (profs caricaturaux pétris de préjugés, les gosses à la tête vide nourris à la star ac' programme démago ridicules), si l'abandon du secteur pédo-psy en France et le manque de moyens octroyé aux hôpitaux est dénoncé, si on égratigne au passage les fils de banlieues chics bien blancs mais trafiquants, si Boubakar fait tapiner ses "gazelles" et Lakdoaoui blanchit son fric dans son Kebab, par contre, les bombes israéliennes relèvent presque de l'ordre de l'épouvantail imaginaire, à croire que la Palestine s'auto-détruit... C'est le sentiment que j'ai eu à la lecture du roman, après, je peux me tromper dans mon interprétation.J'aime bien l'impartialité quand elle va jusqu'au bout.
Les vrais héros du roman ? Les policiers. Affranchis de toute croyance, leur but est de libérer la population prise en otage par les trafiquants.
Un roman dense et rude. Trop rude pour moi, j'ai avancé en apnée, luttant contre la sensation désagréable d'étouffement.