Mattias Koping m'avait déjà surprise avec les Démoniaques. Un roman dur et cruel qui se veut violent et terriblement addictif. C'est sans surprise que Le Manufacturier se révèle semblable. Cruel et addictif, il nous est impossible de refermer le livre une fois commencé, malgré les nombreuses scènes de viols, de tortures et de guerres civiles. Tout y est laid et sombre, violents et meurtriers. C'est un véritable carnage et pourtant je dois bien avouer qu'il fait partie des livres les plus incroyables que j'ai lu cette année. Ce n'est pas un coup de cœur, c'est une claque littéraire.
Ce beau pavé de plus de cinq cent pages nous emmènes dans un univers de noirceur et de vengeance. Si vous pensiez qu'il n'était question que de la résolution d'une enquête vous vous trompiez.
ici il est question de plusieurs histoires qui vont se regrouper pour n'en former plus qu'une. On a d'abord Radiche, un flic inquiétant qui effraye ses collègues par son côté froid et taciturne. Jamais une parole réconfortante, ou encourageante, Radiche n'a que faire du respect et ne cherche pas à s'entendre avec ses collègues. La seule chose qui lui importe, c'est de résoudre ses enquêtes peu importe de quelle manière. Il va d'ailleurs enquêter sur le cadavre d'un dealer retrouvé torturé. Une enquête dangereuse et qui se terminera en Enfer...
D'un autre côté, on a Irena une avocate qui cherche à retrouver le chef des Lions de Serbie, une milice qui a tué, torturé et violé des centaines de personnes pendant la guerre serbo-croate. Cette même jeune femme va rencontré un homme Milovan adopté en France par son grand père et seul survivants des lions de Serbie. Il ne cherche plus qu'une chose, retrouver Dragoljub, celui qui a tué sa famille et l'a laissé pour mort.
Enfin on a deux autres histoires qui vont rejoindre la quête d'Irena et l'enquête de Radiche : la lutte entre deux familles au Havre qui vendent de la drogue et vivent de la prostitution de pauvres filles et le manufacturier, un homme, seul qui torture des gens et fait payer ses vidéos sur le dark web.
Cela fait beaucoup d'éléments et de personnages et on se demande jusqu'à la moitié ce qui peut lier toutes ces histoires. Il sera question de meurtres, de drogues, de prostituions, de vengeance, de sévices corporelles, de torture, de voyeurisme, du lien familiale, de la guerre... Mattias Koping apporte tellement de thématique dans ce roman qu'il est impossible de les détailler toutes sans risquer soit de spoiler sans d'en oublier une.
Une chose est sure c'est que dès le début, j'ai senti en Radiche un monstre. Un homme assoiffé de violence et qui n'hésite pas à faire du mal autour de lui que ce soit physiquement ou psychologiquement (il suffit de voir comment il parle à ses collègues). Seulement, plus on avance dans le roman et plus on est surpris de son caractère et de ce qu'il est réellement.
Milovan aura lui aussi su me convaincre dès le début. Cet homme torturé et violé enfant en a réchappé de justesse et il chercher par tous les moyens à ce que l'homme responsable de ses tourments soit châtié. Il n'aura aucune pitié et c'est grâce à Irena qu'il parviendra à retrouver sa trace.
Ce roman va me rester longtemps en mémoire. Il possède tout ce qui fait un roman noir et horrible. L'auteur maîtrise à la perfection l'art de vous écœurer avec certaines scènes violentes et gores qu'on n'aimerait pas voir mises en image à la télévision... Bravo Mattias, le manufacturier est pour moi l'un des romans les plus sombres que j'ai lu jusqu'ici (au même niveau que la ligne de sang de DOA)