Tears Momie millénaire
Messages : 4468 Points : 3300 Date d'inscription : 17/01/2009 Localisation : In my World - Lost in the dark
| Sujet: [Emile Zola] La Bête humaine Sam 5 Mai - 14:42 | |
| Année d'édition: 2011Edition: Le Livre de PocheNombre de pages : 509 (mais l'histoire s'arrête à la page 427)Quatrième de couverture : Un mécanicien de locomotive, tourmenté par une lourde hérédité, et qui ne s'entend vraiment qu'avec sa machine... Une femme qui semble née pour faire le malheur de tous les hommes qui l'approchent... Un juge pétri de préjugés, prêt à renier la justice au profit de l'intérêt social ou politique... Tels sont les personnages de ce drame, un des plus sombres qu'ait imaginés le romancier des Rougon-Macquart. Vivante et précise comme un reportage, puissante comme une épopée, son évocation du monde des chemins de fer au moment de leur âge d'or va de pair avec la vision d'une humanité en proie à ses démons héréditaires et sociaux - l'alcoolisme, la misère -, et chez qui la jalousie et la convoitise charnelle portent le meurtre comme la nuée porte l'orage.
Mon avis : Encore un classique justifié, si on a beaucoup critiqué Zola pour son penchant naturaliste aux descriptions à rallonges, ce livre se montre moins pédant que d'autres. Dans l'ébauche Zola disait qu'il voulait faire un roman du crime et raccourcir les descriptions. Pari réussi, non seulement les description ne sont pas longuettes, mais elles sont passionnantes, elles donnent presque toute l'ambiance du livre : glauque. Le roman s'ouvre presque sur la découverte d'un secret que Séverine Roubaud cache à son mari depuis toujours. Roubaud, dans sa crise de jalousie la frappe et la force à raconter ses souvenirs les plus pénibles. Que voulez-vous, à l'époque, s'il y a viol, c'est la femme qui est en tort, c'est elle qui est trop provocante (pour cela, Zola se fait un peu défenseur de la femme). Pour se venger, Roubaud prémédite un meurtre. Et voilà le début de l'histoire, on suit ensuite Jacques Lantier, mécanicien de la Lison, une locomotive pour qui il a une vive affection car elle lui permet d'oublier sa terrible "félure héréditaire". Jacques a des pulsions de meurtre lorsqu'il éprouve du désir pour une femme, il prend donc la fuite, il se réfugie sur sa Lison, qu'il chevauche tel un cheval, et vous remarquerez très vite que le verbe "chevaucher" aura une connotation érotique marquée. Une histoire d'amour naîtra entre Séverine et Jacques, tant qu'il sait qu'elle est complice d'un meurtre mais qu'elle ne lui décrit pas la scène de crime, tout ira bien. Mais ce livre accrocheur ne plaide pas pour la justice humaine qui pour une question politique s'évertue à faire des erreurs terribles. Zola est un maître au niveau du maniement de l'écriture, il nous fait passer toutes sortes d'émotion mais l'angoisse est permanente : quand l'instinct de Jaques va-t-il se réveiller ? Roubaud sera-t-il enfin inculper pour le meurtre ? Tous les personnages sont habilement comparés à des animaux, la machine semble avoir des sentiments tout en étant effrayante...Finalement, les hommes valent-ils mieux que les animaux ? La machine, animal monstrueusement effrayant ou humanisée en être sensible ?
Personnellement tout m'a plu, ce livre une véritable aventure dans l'univers du crime qui dénombre les points de vus des criminels qui rejoint un peu Crime et Châtiment dans le sens où on ne connaîtra jamais ce qu'il se passe dans la tête de quelqu'un qui tue. Les personnages, que je ne peux tous décrire sont intéressants et plusieurs histoires sont mises en parallèle tout en étant liées...La fin, tragique, grandiose, laisse un sentiment de délicieux malaise...Je ne laisserai pas une âme trop sensible lire ce livre, mais qui aime lire aimera ce roman. En bref, un lire à découvrir et à dévorer* d'urgence ! *terme très utilisé pour tout ce qui de la mésentente entre les personnages dans La Bête humaine | |
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