Commençons par l'objet en lui-même : il est juste magnifique. De format A4, la couverture est mate pour ce qui est du noir et brillante pour ce qui est de l'image. Derrière, le sigle de l'entreprise Hover, qui dirige Retrocity, est en relief. Un vrai objet d'art en plus d'un excellent contenu. Le livre est plus épais que les BD, avec ses 123 pages et son papier brillant, très doux, pas trop lourd. Le travail éditorial a vraiment été trèèèès soigné, c'est un ouvrage que je suis fière d'afficher dans ma bibliothèque ! *-*
Que dire, sinon, qui ne vous gâche pas le plaisir de la découverte mais vous donne assez envie pour y plonger ? Hmmm... C'est un livre à lire d'une traite, d'un souffle, pour "savourer" la sensation d'étouffement et d'enfermement qu'il procure, pour vivre pleinement la dégénérescence progressive du personnage, de la ville, de l'espoir...
J'ai donc plongé corps et âme, d'un coup, en retenant mon souffle. Première surprise, la 4e de couverture m'a induite en erreur : j'étais persuadée d'avoir affaire à une enquête tout ce qu'il y avait de presque normal... au final, j'étais partie pour une plongée dans l'étrange, l'absurde, et le merveilleux - peu présent pour ce dernier, existant néanmoins...
Ce qui frappe dans Retrocity, c'est la beauté dépravée des gens, des choses : ils sont tous monstrueux parce qu'ils ont été beaux, par le passé, parce qu'ils ont été sains, par le passé, et que quelque chose leur est arrivé. Quelque chose qui a fait fusionner certains habitants avec des objets : le Retroprocessus. Pourquoi ? Comment ? Vous verrez. Je dirai seulement qu'il s'agit là d'une métaphore filée subtile et bien exploitée de la société de consommation, de l'influence de la consommation sur nos êtres. Superbe concept, effrayant, et aussi terriblement beau... destructeur et constructeur à la fois.
Les images sont superbes, c'est ce qui frappe en premier. La qualité de l'écriture, elle, est aussi au rendez-vous : assez orale, aux accents désespérés, elle vous prend aux tripes et ne vous lâche plus. Et l'écriture mute... se transforme. Vous verrez, c'est un bel exercice de style effectué par l'auteur
Les échos entre les entrées de journal et leur illustrations sont formidables, bien gérés. On tourne les pages encore et encore jusqu'à un final inéluctable, un suspens un peu éventé dès la moitié de l'ouvrage, mais au fond, peu importe : on est portés jusqu'à cette fin, cette destinée, à laquelle on veut assister en toute connaissance de cause.
Bon, vous l'aurez compris, Retrocity, c'est un roman graphique dont il est difficile de parler. Il faut le lire pour le comprendre pleinement. Retrocity, avant d'être un roman graphique à lire et à regarder, c'est un concept à expérimenter. Alors tentez l'expérience ! ;-)