"Dolores" la bien nommée...Une vie de dur labeur lui a brisé les reins, "usé les mains jusqu'à l'os". Ses enfants sont partis loin de l'île. Elle est fatiguée. Et seule désormais : sa patronne, pour qui elle travaillait depuis 44 ans, est morte en tombant dans les escaliers.
Son décés est suspect, et quand Dolores apprend qu'elle est sa légataire universelle, elle comprend que les gens qui l'accusent y verront un mobile.
Dolores n'a pas tué sa patronne. A presque 66 ans, elle avoue le meurtre de son mari, Joe St George qu'elle l'a assassiné 30 ans auparavant.
Ce roman est un monologue passionnant, haut en couleur grâce au langage imagé de Dolores et la façon dont elle répercute les questions de ses interlocuteurs : le chef de la police, un de ses officiers et la sténo.
Dolores raconte sa relation avec Vera, son mariage avec Joe, ses enfants. Elle parle avec un langage simple et vrai de tout ce qui rempli une vie de travail et d'efforts, de joies et de peines. Surtout de peines.
Elle s'est dressée courageusement face aux épreuves, au point que les gens l'ont jugé insensible, alors qu'elle était courageuse.
Vera et elle sont deux destins brisés, deux vies de tristesse et de renoncement, bien différentes mais s'épaulant malgré leurs chamailleries.
La femme se tait et travaille, supporte les coups. Encore une fois le thème du père alcoolique est présent, ici stupide et vicieux de surcroît.
L'originalité de la narration , le franc-parler de Dolores participent au rythme et à l'efficacité du roman.
J'ai aimé relire ce roman, même s'il plombe le coeur.
Les clins d'oeil :
- Spoiler:
Pendant l'éclipse, Dolores a des visions d'une petite fille : ce sera la future Jessie, roman sorti la même année .On reste bien entendu dans le Maine cher à Stephen King.