Ce roman a semble t il fait couler beaucoup d'encre, il a même été adapté au cinéma. Et je le découvre par hasard il y a quelques jours, comme quoi je devrais me tenir mieux informée...
D'après ce que j'ai pu lire, les avis divergent: très grand roman ou énorme déception... Je découvre l'auteur avec ce roman, et j'ai évité le battage médiatique autour de la sortie de La liste de mes envies : il n'y avait donc aucune attente de ma part, et je l'ai abordé avec "seulement" ma curiosité.
Jocelyne est mariée à Jocelyn, son premier amour. Leur bonheur simple n'est pas sans nuage : ils ont perdu un enfant, mort-né, à la suite de quoi Jocelyn a traversé une dépression pendant laquelle il a été haineux à l’égard de sa femme. Mais leur couple s'en est sorti. Ils ont deux grands enfants. Jocelyne tient une mercerie, Jocelyn est ouvrier.
J'ai eu beaucoup de mal à "entrer dans le roman". Les deux Jo m'énervaient, entre l'attendrissement un peu niais de madame et les rêves de consommateur de monsieur. Puis j'ai "lâché prise", et juste profité du roman, sans me poser de questions. Et j'ai aimé ce que j'ai lu, tout simplement.
J'aurais aimé citer des pages entières de ce court roman, que j'ai lu d'une traite.
Je pense qu'il a heurté pas mal de lecteurs parce que les personnages sont "normaux", avec des réactions "normales" en fait. On se dit tous : "espèce de cruche, va le déposer ton chèque, et balance ta mercerie, ton veau de mari avec !" , mais à la lecture du roman on la comprend, Jocelyne. Sa mercerie, son blog, les contacts qu'elle a tissé, son Jo...Elle a peur de tout perdre en allant poser le chèque gagné à l'Euromillion.
Et son Jo qui y voit sa chance de refaire sa vie, d'avoir enfin les belles choses dont il a envie depuis si longtemps...On le comprend aussi. Mais si.
Ce roman est dérangeant parce qu'il montre les petits désirs, ceux qui font rêver et que l'on sait inaccessibles, mais qui adoucissent quand même un peu l'existence, parce que "si je gagnais au loto..." est une phrase qu'on a tous un jour prononcé, énumérant la liste d'objets que l'on désire, de voyages que l'on souhaite faire, de cadeaux que l'on offrirait.
Ce roman énerve parce que "l'argent ne fait pas le bonheur" est pénible à entendre, une vieille formule éculée, rapiécée, et pourtant...Quand on voit Jo,lui,avec sa belle montre et son écran plat...Tout seul...
C'est aussi un roman qui livre une image crue d'un couple qui n'est pas si éloignée de ce que l'on peut vivre. Les mensonges de l'autre et de soi même, tous ces masques que l'on met pour continuer à faire partie de la vie de l'autre. Ce que l'on supporte, l'autre que l'on excuse, le temps perdu. Et ça contrarie de lire cette justesse.
Un roman qui m'a plu donc. Beaucoup même.