J’ai lu assez peu de roman de Franck Thilliez, pourtant chaque lecture a été une excellente lecture. Rêver ne déroge pas à la règle. Malgré sa jolie taille, je l’ai dévoré du début jusqu’à la fin.
Abigaël est une trentenaire narcoleptique qui vit seule avec sa fille, Léa. Loin d’être handicapée par sa maladie, elle exerce le métier de psychologue et aide dans les affaires criminelles. Quand commence notre histoire, les gendarmes et la psychologue sont sur une affaire d’enlèvement d’enfants et on peut dire les pistes sont plus inexistantes.
En parallèle de l’enquête, Abigaël est un victime d’un accident de voiture qui laissera pour mort sa fille et son père. A partir de là, la vie de notre héroïne se délite complètement, mais avide de vérité, elle continue à mener l’enquête entre rêve et réalité.
Avec Rêver, Franck Thilliez nous offre un polar bien ficelé qui vous tient en haleine jusqu’à la fin. En revanche, je dois bien avouer que la révélation finale ne m’a pas surprise autant que je le pensais, je l’ai presque trouvé trop rapide, au vu de la course labyrinthique dans laquelle s’était lancée Abigaël.
Je disais donc que Rêver vous alpaguait par son rythme, un parcours temporel entre deux dates cruciales dans l’histoire d’Abigaël.
Toute l’intrigue se situe entre le 6 décembre 2014, jour de l’accident d’Abigaël, moment où toute sa vie bascule et que sa narcolepsie la freine, et le 25 juin 2015, moment du prologue où nous retrouvons notre héroïne dans un lavoir en flamme.
Pour ne pas trop nous perdre, l‘auteur indique les changements temporels avec une goutte sur une ligne chronologique, permettant au lecteur de visualiser où il en est. Le point intéressant c’est que lorsque nous proche du mois de décembre nous redescendons au fur et à mesure vers le mois de juin, tout en alternant avec des épisodes de début juin, sans avoir d’impression de déjà vu. C’est compliqué à expliquer, mais chaque chapitre amène son lot de réponses et aussi de questions.
Au fil des pages, on voit Abigaël sombrée dans la folie, on perd presque confiance en notre héroïne, ne sachant pas si elle est sur le bon chemin ou si elle perd les pédales totalement. Au début du roman, on découvre une femme plutôt sûre d’elle, reconnue dans sa profession et par ses collègues. Elle vit plutôt bien avec sa maladie grâce à ses médicaments bien qu’ils lui fassent perdre ses souvenirs les plus anciens. C’est le moment où Franck Thilliez dépose les miettes de doute qui ne feront que grossir pendant la lecture. Abigaël est un personnage qui m’a plu, atteinte physiquement par sa maladie, nombreuses fractures dû au chut lors de crises, son corps sera son ancre dans la réalité quand elle ne saura plus faire confiance à sa tête.
Je ne dirais pas grand chose sur les autres personnages car certains sont importants au cours de l’histoire et je ne voudrais pas trop en révéler en disant ce que j’en pense. Malgré tout, la plupart m’ont laissé de marbre.
Rêver est un roman bien construit, Franck Thilliez a tellement bien fait les choses que même en tournant la dernière page, l’aventure continue. Pendant notre lecture, il nous donne de nombreuses cartes pour avancer, perdu au côté d’Abigaël, prisonnière du deuil, grignotée par l’incertitude, obsédée par la vérité, on avance tant bien que mal vers les révélations qui seront pour certaines prévisibles et pour d’autres une surprise.