Kikuji est invité à assister à une cérémonie du thé. Celle qui officie, Kurimoto, est une des anciennes maîtresses de son père, décédé quelques années auparavant. Kurimoto a décidé de présenter une jeune femme à Kikuji, de jouer la marieuse. Envahissante, sans gêne, elle manœuvre pour garder la main-mise sur une maison qu'elle a toujours considéré comme sienne, et tente de manipuler tous les protagonistes pour arriver à ses fins. Elle est pleine de ressentiment envers Mme Ota qui lui a succédé dans le cœur de son amant.
Est présente à la cérémonie cette autre autre maîtresse du père de Kikuji, celle avec qui il a partagé le plus longtemps sa vie.
Entre Kikuji et Mme Ota, une relation profonde, fulgurante et dévastatrice commence. Elle retrouve son ancien amant en Kikuji, et se torture de culpabilité. Elle aimait profondément cet homme. Au delà de l'arrière goût d'inceste que peuvent ressentir Mme Ota ou Kikuji, il y a l’émoi des amants, l'amour, la jalousie, qui transcendent et traversent les générations.
En filigrane, le père, que l'on découvre à travers les souvenirs des autres, comme peut-être l'auteur lui-même a découvert son père décédé alors qu'il avait un an à peine.
C'est un roman empreint de délicatesse aussi bien que de fortes émotions, fiévreuses, emportées. J'ai ressenti beaucoup de tristesse pendant ma lecture, du désespoir, ou plutôt le sentiment qu'il n'y a plus rien à attendre, que tout déjà a été vécu, appris, créé.
Kawabata décrit parfaitement l'éveil des sens, la volupté, qu'il s'agisse de toucher le grain d'une tasse de thé, d'admirer un verni délicatement translucide, ou de plaisir charnel.
C'est limpide,doux, léger et à la fois tranchant, froid, douloureux. C'est beau.