Ce livre a été un de mes cadeaux de Noël. Je ne connaissais pas du tout l'auteur, et ce fut une jolie découverte.
C'est un récit à la première personne. Un jeune homme se réveille dans une chambre d'hopital, sortant d'un coma qui a duré cinq semaines après avoir été victime d'un accident de voiture.
Du moins c'est ce que lui explique le médecin qui est à son chevet. Georg Friedrich Amberg, le narrateur, prétend qu'il s'agit d'une erreur : jeune médecin engagé par le baron von Malchin, il a quitté Berlin cinq semaines plus tôt pour remplacer le médecin de Morwede, village en Westphalie. Il y a travaillé pendant plusieurs semaines, retrouvant Kallisto, une jeune femme dont il était amoureux du temps de ses études.Ses souvenirs entrent en collision constante avec la réalité que lui renvoient les soignants : tout lui a paru si tangible, et cependant il en vient à douter de la véracité de ce qu'il pense avoir vécu.
Ce roman est le récit de ces "souvenirs", entrecoupés de retours vers sa chambre d'hopital. Le baron est un ancien ami de son père, et l'a surtout fait venir pour qu'il s'occupe de sa fille Elsie, qui est souffrante. Il va révéler au narrateur qu'il se livre en secret à des recherches scientifiques qu'il poursuit depuis des années, et qui sont proches de réussir : il veut mettre au point la "neige de saint Pierre", une drogue tirée d'un parasite du blé capable d'aider les hommes à retrouver la foi en Dieu. Kallisto l'aide dans ses travaux.
Le lecteur est amené à douter, autant de la véracité des souvenirs de Georg que des propos du médecin. Nous trouvons des indices d'une conspiration contre le narrateur autant que des traces de la constitution d'une éventuelle fantasmagorie provoquée par le coma.
J'ai beaucoup aimé ce roman , les indices se démentent, les pistes se creusent sans se rejoindre, jusqu'à la dernière page .
"-Pourquoi avez-vous pitié de lui ? lui demandai-je. Il est heureux. Il vit un rêve, et de cette façon, sa richesse est plus assurée que n'importe quelle autre. Car ce que l'on possède en rêve, une armée entière d'ennemis ne saurait vous le prendre. Sauf le réveil...Mais qui serait assez cruel pour le réveiller ?" p.88