A travers les lectures des écrits épistolaires d’un poilu, des enfants découvrent avec beaucoup de douceur les horreurs de la première guerre mondiale. Un roman au sujet fort qui sait parfaitement maîtriser son empathie, c’est émouvant sans être excessivement tragique. Un très bon point pour une lecture jeunesse.
Victoire passe des vacances estivales chez ses grands – parents avec ses grands frère et sœur, deux jumeaux. Alors que la pluie s’est invitée, les enfants décident d’aller découvrir les trésors que recèle le grenier et plus particulièrement l’ancienne collection de timbres de leur défunt père. Victoire découvre des cartes postales accompagnées d’objet et d’un carnet, ce sont les écrits épistolaires d’Albert, un soldat de la première guerre mondiale, instituteur de profession. Des mots qui touchent les jeunes enfants particulièrement la petite Victoire, rapidement un parallèle se dessine entre la vie de Victoire et celle d’Albert.
Ce petit roman jeunesse aborde donc la difficile thématique de la première guerre mondiale à travers la lecture de jeunes enfants des écrits d’un poilu. Un soldat qui envoyait des cartes postales à sa jeannette et à sa petite Victoire, des écrits souvent enjolivés, qui tentaient de transmettre un certain espoir alors qu’en réalité l’horreur de la guerre, les peurs, les doutes et le désespoir d’Albert étaient couchés sur un carnet intime. Le parallèle est intéressant et permet de faire prendre conscience aux enfants de la tragédie de la guerre et surtout de ne pas l’oublier.
Les bombardements, les conditions de vie dans les tranchées, le froid, l’humidité, la crasse, la déception d’une permission refusée, mais aussi la nécessité de se soutenir, le courage, le besoin de ses hommes de savoir que l’on pensait à eux, les soldats non préparés et une jeunesse envoyée sur les fronts, toutes ces choses qui définissent la guerre sont évoquées, des faits dramatiques et difficile, pourtant Sylvie Arnoux ne les traite jamais avec excès mais avec justesse.
« Moi, je suis d’acc’ avec toi mamy ! Tu devrais dire ça à tous ceux qui continuent de se battre ! Au journal, à la télé, ils ne parlent que de guerres… Ils sont fous les adultes ! »
Si la violence est sommairement évoquée avec des mots adaptés, l’auteure sait parfaitement maîtrisée l’empathie que peut susciter cette lecture pour un public jeunesse, c’est touchant et émouvant de suivre la vie d’Albert à la guerre, la vie de sa femme Jeannette et de sa fille Victoire, une bonne façon de faire prendre conscience des conditions de vie des femmes qui se sont pour la plupart retrouver seules sans leurs hommes pendant des années.
Il y a aussi ce parallèle entre la vie actuelle de Victoire, une petite fille ayant perdu son papa trop tôt, ce qui amène à une réflexion aussi sur la fraternité, les liens frères-soeurs. La petite Victoire est un personnage touchant, un peu seul aussi pour gérer ses émotions contrairement aux jumeaux qui sont deux et peuvent donc se soutenir.
En bref, un roman jeunesse sans prétention qui aborde une thématique dramatique avec beaucoup de justesse et d’empathie sans jamais sombrer dans l’excès. L’ouvrage raconte la première guerre mondiale de manière émouvante, il est important que la jeunesse n’oublie pas non plus ces horreurs.
Je remercie les éditions de l’Astre Bleu et plus particulièrement Eliane pour cet envoi.