Beaucoup d’idées orientées sur l’écologie et la conscience de la nature dans cette excellente bande – dessinée !
De Zep, nous connaissons pour la plupart essentiellement le personnage de Titeuf, un classique de la BD jeunesse, toutefois j’avais également pu le découvrir dans une BD plus adulte et plus humaine riche en émotions, Une histoire d’hommes, qui m’avait laissé une excellente impression. Dans The End, Zep récidive dans l’humain et la réflexion d’une société abîmée et qu’il abîme, en accentuant clairement ses idées sur l’écologie et le devenir d’une nature actuellement en perdition. Sublime !
Des morts inexpliqués dans un coin du monde, deux randonneurs et une ville entière…
Théodore Atem débarque dans la réserve de la Doklså en Suède en tant que jeune stagiaire du Professeur Frawley, grand amateur de la chanson « The End » des Doors et pionnier de la paléo-botanique. Il est accueilli par Moon une jeune femme travaillant également pour le professeur. Cette équipe de chercheur étudie la communication des arbres entre eux et leur réaction face à l’humanité et ses dérives. Pour cela, de nombreux capteurs de gaz entre autre ont été mis en place dans la forêt à proximité, chaque jour les mesures sont relevées et étudiées pour en vérifier les éventuelles variations significatives. Alors que Théodore fait sa visite routinière dans le forêt, il observe de drôles de champignons et un comportement animal étrange, la faune ne semblant plus se méfier de l’homme. Non loin de là, une usine pharmaceutique implantée en périphérie de la réserve est montrée du doigt pour une éventuelle pollution des cours d’eau alentour dans le plus grand secret qui pourrait potentiellement expliquer ces dernières étranges observations.
Conte écologique et tragique
La réflexion repose donc essentiellement sur la conscience des arbres, sur ces micro-réseaux qui leur sont propres, qui leur permettraient de communiquer jusqu’à des dizaines de kilomètres et qui leur permettraient surtout d’assurer leur existence, de subsister, de survivre et surtout de s’adapter à leur environnement hostile, ici les hommes. C’est intelligent et raisonné, tout en finesse et subtilité. Je dois dire que la vision du monde qui nous entoure développée ici est pour le moins très intéressante bien qu’un peu inquiétante aussi, après tout, et si c’était possible ?
Ambiance feutrée et intimiste
Graphiquement, le style simple, épuré mais toujours riche d’une certaine intensité. Le dessin dénote clairement une simplicité du trait qui reste très franc, nature et sans fioritures, sans aucun artifice qui n’aurait fait que l’alourdir. Le travail de colorisation n’est pas dénué d’un certain sens accentuant certainement le message qui doit être passé ou les émotions transmises. Les planches sont pour l’essentiel dans des tons monochromes de vert, bleu, beige pastels, sobres tout en élégance, en contraste évident avec la couverture, une façon d’attirer le regard sur l’ouvrage ? C’est classe, simple et direct, pas besoin de plus pour nous captiver.
Une bonne leçon pour l’humanité ?
En bref, un ouvrage graphique qui porte très loin sa réflexion mais qui mérite beaucoup d’attention. J’aime à penser que cela pourrait être réel, cela l’est certainement en partie, car cette nature qui nous accueille, sur laquelle nous foulons nos pieds chaque jour, celle que nous détruisons à petit feu, en l’étouffant toujours plus, finalement se rebelle chaque jour davantage, les saisons peu marquées cassent les rythmes de production fruitiers, les tempêtes se font toujours plus violentes, les chaleurs plus pesantes et agressives, et j’en passe. La nature est toujours là, mais qu’en sera t-il réellement de nous ?