Année d'édition : 2006
Edition : 10/18 Grands détectives
Nombre de pages : 249 pages
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : Divorcée d’un mari trompettiste porté sur la bouteille, Precious Ramotswe est bien décidée à ne plus céder aux mirages de l’amour ! J.L.B. Matekoni, gentleman garagiste, lui fait pourtant les yeux doux mais l’inénarrable "Mma" a un projet en tête… Un beau jour, elle se jette à l’eau et ouvre à Gaborone, capitale du Botswana, son pays bien-aimé, la première agence de détectives strictement au féminin. En compagnie de son assistante, Mma Makutsi, elle déclare la guerre aux maris en fuite et aux escrocs sans vergogne. Ne reculant devant aucun danger, elle s’attaquera même à la sorcellerie, le grand tabou de l’Afrique. Mma Ramotswe mène ses enquêtes tambour battant, sous les yeux de son soupirant favori… et pour notre plus grand plaisir.
Voici mon avis, repris depuis mon blog (critique d'origine ici : http://histoiresdoph.blogspot.com/2012/04/mma-ramotswe-detective-alexander-mccall.html )
Precious Ramotswe est fille unique. Malgré sa grande intelligence, elle s'est jetée tête baissée dans un mariage dont elle n'a retiré que des coups, un divorce, et une fille prématurée morte moins d'une semaine après sa naissance. Autant dire que quand elle finit par perdre aussi son papa, à l'aube de ses trente-cinq ans, Precious a toutes les raisons du monde d'aller se pendre.
Sauf que ce serait bien mal la connaître.
Avec l'argent de son héritage, elle achète un local à Gaborone, la capitale du Botswana, et devient la première femme de son pays à exercer le beau métier de détective privé.
Ce roman déroute par sa construction inhabituelle dans un monde éditorial où l'unité de l'intrigue est généralement primordiale. Ici, le fil rouge est ténu, la vie personnelle de Mma Ramotswe prend au moins autant de texte que les affaires qu'on lui confie, et les souvenirs viennent quand ils veulent, pas forcément dans l'ordre chronologique.
Ainsi le début s'attarde-t-il sur la vie du papa Ramotswe, Obed, qui raconte même sa jeunesse à la première personne (alors que dans le "présent" de la narration, il est mort). Puis sur le parcours chaotique de sa fille. Mais sans préciser certains détails, qui ne seront évoqués qu'au détour d'une réflexion de l'héroïne.
Celle-ci creuse vite son trou dans la société botswanaise, malgré l'opposition de certains qui estiment que la place d'une femme n'est pas dans une agence de détectives. Le roman présente quelques-unes des affaires les plus marquantes de ses premiers mois d'exercice, tout en mettant en place le fil rouge qui ne se dénouera qu'à la fin du livre.
Disparitions, vols, adultères et autres tromperies... Alexander McCall Smith nous plonge dans le quotidien de son héroïne avec une aisance qui montre bien qu'il a lui aussi vécu à Gaborone. Dans la mentalité des gens du coin, aussi : leur système de valeurs, leurs croyances, ce qu'ils tiennent pour acquis, le tout présenté avec naturel et sans donner l'impression qu'il nous donne à les juger. Mma Ramotswe, on l'accueille, on l'accepte. Sa différence avec nous autres, lecteurs européens, fait partie d'elle.
Le style à l'ancienne, avec des digressions sur le sens de la vie (Mma Ramotswe réfléchit beaucoup) et des dialogues parfois complexes au point d'en paraître empesés, surprend aussi, sachant que le livre est initialement paru en 1999. Cela dit, c'est comme tout, on s'y fait. D'autant que ça n'est pas du Balzac non plus.
- Citation :
- — Des formes généreuses comme les tiennes, voilà ce qu'on aime, nous, les hommes !
Elle gloussa. Il se montrait charmant, il fallait l'admettre, mais elle était en mission et il fallait rester professionnelle. Elle ne devait pas perdre son objectif de vue : la preuve dont elle avait besoin n'était pas encore dans la poche.
— Viens, asseyons-nous, dit-elle. Tu dois être fatigué après une journée entière debout, à trier les diamants.
Bilan ? Un dépaysement certain, mais l'impression d'avoir lu une compilation de carnets et pas tout à fait un vrai roman. En tant que personnage, Mma Ramotswe m'a aussi paru trop parfaite, surtout lors de sa présentation initiale. Ensuite, comme il lui arrive de tomber sur plus fin qu'elle, ça passe mieux.
Bref, bien que j'aie apprécié ma lecture, je ne pense pas poursuivre la série.
Aux dernières nouvelles, il y avait en VO pas moins de treize romans consacrés aux enquêtes de l'Agence n°1 des Dames Détectives.