Ce roman est particulier à mes yeux car je l’ai récupéré lors des Imaginales 2011, dont Robin Hobb était l’invitée… Pour remettre dans le contexte ceux qui connaissent mal, Robin Hobb est le pseudo de Margaret Astrid Lindholm Ogden. Megan Lindholm est donc son premier nom d’auteur, utilisé pour ses premiers romans écrits et édités avant les séries qui ont fait son succès, en particulier
L’Assassin royal.
Comme je ne savais plus trop où j’en étais dans les séries en question (je me suis arrêtée au premier cycle de
L’assassin royal, je n’ai pas encore attaqué les tomes de la série
Les aventuriers de la mer que j’ai en stock mais pas encore lus et je ne savais plus si j’avais ou non commencé à récupérer des opus du
Soldat chaman) je me suis dit qu’il valait mieux m’en tenir à un
one shot, et découvrir l’un de ses premiers romans.
Pourquoi pas
Le dernier magicien ?
(note : la couverture du grand format donne une mauvaise idée du personnage car celui-ci fait très attention à son apparence pour ne pas avoir l'air de ce qu'il est... donc il est toujours très très bien rasé et autant que possible habillé correctement ! je ne trouve pas que la couverture du poche soit beaucoup mieux)
La lecture par contre m’a laissée mitigée, mais cela s’explique sans difficulté : l’auteur a pris de sacrés risques. Son personnage principal est ambigu, je me suis demandée pendant une bonne partie du roman s’il était vraiment magicien ou juste un ancien du Vietnam traumatisé, qui fuyait sa réalité de SDF à sa façon, en s’enferrant dans une réalité parallèle. Après lecture, je dirais « un peu des deux ». Mais ça m’a quand même pas mal perturbée dans certaines scènes, en particulier celles assez psychédéliques partagées avec Cassie.
L’autre élément perturbant provient de la psychologie du personnage. Pendant une partie du roman, il est terriblement passif. La résurgence de souvenirs ne l’aide pas et la pénible nénette qui s’est entichée de lui et le mène par le bout du nez, sans réelle réaction de sa part, donne juste envie de le secouer. Si vous aimez les « héros » de caractère, fuyez, le Magicien vous agacera.
Par contre, si vous aimez les « héros » abîmés par la vie, humains, à la fois forts et faibles, caractérisés par leurs souffrances passées autant que par le déni qu’ils nourrissent vis-à-vis d’elles, vous pourrez être séduits. Le dernier magicien n’est pas un roman facile, l’auteur nous balade comme elle balade son personnage, mais la toute fin m’a tellement plu que je n’ai pas regretté la lecture, même si aux ¾ du roman, je m’interrogeais sur l’utilité de le terminer. Le fait est qu’on y trouve une ambiance intimiste, un rythme et une approche psychologique des personnages qui fait davantage penser à de la littérature « blanche » ou « générale » qu’à de la littérature de genre (surtout en urban fantasy, qui est en général de la littérature où l’action a la part belle).
Le dernier magicien est donc un roman atypique, qui reste en dehors des clous, et c’est sans doute la raison pour laquelle je l’ai apprécié au final : la magie y est distillée avec subtilité.