Voilà une petite romance que j’ai lue très vite, sur un coup de tête. J’ai apprécié les descriptions, les paysages, cette lecture m’a fait l’effet d’un bol d’air frais, alors même qu’il s’agit... d’un huis clos (sur une bonne partie du roman). Côté intrigue, la romance débute de façon « forcée » : l’aspect historique, le contexte, font qu’Amélie s’arrange avec Dallas, se place sous sa protection, tout en étant consciente qu’il y a un prix à payer. Vu les circonstances, pour elle, c’est encore la meilleure des échappatoires, une basique question de survie qui justifie son choix, qu’elle assume. J’ai apprécié ce personnage féminin qui révèle une véritable force dans l’adversité (et un instinct de survie à l’avenant).
Un point fort de ce roman, à mon humble avis, c’est la façon dont sont traitées les relations intimes qui en découlent : l'héroïne ne grimpe pas aux rideaux dès le premier rapport... ni même aux suivants, d’ailleurs. Amélie va apprivoiser sa sexualité puis le plaisir qui va s’y associer petit à petit, au fur et à mesure que son intimité avec Dallas se développe vraiment. L’autre intérêt concerne ce dernier : par touches légères et pudiques, l’auteur montre qu’en réalité il n’est pas beaucoup plus expérimenté qu’Amélie. De ce fait, ils se découvrent ensemble, et ce pan là de leur relation m’a séduite.
Les premiers rapports entre eux tiennent au respect de l'arrangement souscrit, à la façon d’un « devoir conjugal ». C’est ainsi que la jeune fille les vit et ressent, appliquant ce que son éducation l’a préparée à faire dans le cadre du mariage de raison qu’elle aurait dû accepter, si la guerre ne s’en était pas mêlée. L'auteur s'en est bien sortie malgré l’aspect borderline, elle fait preuve de finesse, les réactions d’Amélie sont logiques et elle ne s’apitoie pas sur elle-même concernant cet aspect de l’arrangement. J’ai d’ailleurs apprécié le parallèle fait entre son parcours et celui des indiennes, bien plus dramatique.
Par contre, qu’Amélie ne s’inquiète pas de tomber enceinte m’a moins convaincue, surtout qu’elle songe à plusieurs reprises qu’elle a jeté son honneur et tout espoir d’un bon mariage aux orties. J’ajoute à cela qu’il est regrettable que des clichés propres au genre romance viennent plomber ce titre, l’incommunication en tête (je ne parle pas du côté silencieux de Dallas mais de ficelles employées sur les deux personnages). En même temps, c’est une pure romance, donc je ne devrais pas me montrer surprise par les procédés. Pas plus que de voir l’héroïne partir se promener alors même que son homme vient de sortir comme une furie avec une carabine parce qu’un ours traîne dans les parages.
Donc, je ne m’offusque plus vraiment de la présence des ficelles classiques de la romance, mais elles ne me permettent pas d’accrocher. C'est dommage dans le cas de L'homme de la sierra, parce qu'en dehors de ça, j'aimais bien l'évolution, la façon dont les sentiments s'installent, le caractère du héros : il évolue en s’ouvrant petit à petit, mais ne change pas radicalement, au contraire, et ça j'applaudis. Il reste fidèle à lui-même d’un bout à l’autre et ne s’excuse pas d’être ce qu’on a fait de lui. Il n’en a pas besoin, puisqu’il respecte assez Amélie pour ne jamais lui faire de tort.
En résumé, j’ai bien aimé le côté « ours et poupée » de ce roman, et si la rencontre ne s’est pas faite, c’est juste parce que je ne suis pas bon public pour ce genre (ça se confirme).