Voici mon édition :
Edition J'ai Lu, 472 pages, paru en 1994. Il a été édité en 1977 en VO pour la première fois, et n'a pas pris une ride depuis
Je viens d'achever ma relecture de
Shining, et je me suis é-cla-tée ! Je l'ai lu pour la première fois il y a 16 ans , et j'avais tout oublié de la
densité vénéneuse du roman, la même que j'ai retrouvé dans
Duma Key par exemple, ou
Histoire de Lisey. Les citations de Poe et de Goya qui ouvrent le roman nous mettent agréablement en condition !
Jack Torrence, renvoyé de son poste d'enseignant après avoir violenté un élève, obtient un poste de gardien à l'Overlook grâce au piston de son ancien camarade de beuverie, Al. Cet emploi consiste à passer les mois d'hiver à entretenir l’hôtel , fermé pour la « morte saison ». Sa femme Wendy et son fils Danny l'accompagnent dans cet exil, leur situation financière ne leur laissant pas d'autres choix .
Danny est un enfant très mâture pour ses cinq ans.On le dirait « intellectuellement précoce » de nos jours. Il a aussi "
Le Don": il peut savoir ce que pensent les adultes , parfois, et sentir certaines choses qui vont se produire. Il a aussi un « camarade imaginaire », Tony.Tony n'aime pas l'Overlook, et met Danny en garde contre ce vieil hôtel.
J'ai beaucoup aimé le personnage d'Halloran,le cuisinier de l’hôtel : il est le seul adjuvant bien réel que Danny trouvera sur sa route.
Si
Shining n'est pas tout à fait un huis clos, il n'en est pas loin. L’ Hôtel est une entité à part entière, pesante. Dans
Salem, on peut voir en Marsten House l'embryon de l'Overlook : un
bâtiment qui suinte le mal qu'il a absorbé au fil des années.
La quatrième de couverture accuse le don de Danny d'avoir ressuscité les monstres de l’hôtel, mais je pense que le responsable principal est Jack Torrence, le père. Son personnage m'est apparu dès le départ comme
profondément antipathique : faible et violent, complaisant avec lui-même. Malgré son récent sevrage alcoolique, il se complait dans le comportement de l'écrivain « maudit » : sa Pièce qu'il doit finir à tout prix, qui lui apportera la célébrité, les obstacles que la vie dresse devant lui pour s'opposer à sa réussite...Le maillon faible est clairement ce père de famille qui va se laisser manipuler au point de tenter d'assassiner sa propre famille. L'attachement et l’amour sincère que lui vouent son fils et sa femme m'ont paru vraiment admirables en comparaison, et j'excuse le manque de réactivité de la mère par la vitesse de dégradation de la situation.
La violence du père m'a vraiment "contrariée",à défaut d'un terme plus juste. Celle dont il a fait preuve avant même de mettre un pied dans cet hôtel : il a cassé le bras de son fils dans un accès de rage alcoolique.
J'ai frissonné plus d'une fois, dans la peau de Danny quand il sa cachait du « monstre », dans la peau de Wendy quand elle se traîne, blessée, pour tenter d'échapper à son bourreau. Oui, ce roman fiche la frousse , une frousse que l'on savoure avec délectation !
Les ingrédients habituels sont là : un drame annoncé, à travers le personnage de Tony.Des protagonistes au passé compliqué (le père alcoolique, fils lui même d'un alcoolique violent, la mère bousillée par sa relation à sa propre mère destructrice), les problèmes de couple. Et la Peur de « ce qu'il y a derrière la porte »...
Tout cela resurgit grâce à ce lieu isolé, témoin de nombreux drames et catalyseurs d'énergies néfastes. Et quel « lieu » ! L' Overlook est un vrai palace de 110 chambres construit en 1907.Complètement isolé en période hivernale, la ville la plus proche est à 60 km mais la neige empêche tout déplacement des semaines durant.
Les descriptions de l’hôtel sont à la fois magnifiques et terrifiantes, comme celles d'un gigantesque dragon dont les écailles étincellent... autant que les dents.
Un nouveau coup de cœur, sans aucun doute.