[Esther Brassac]La nuit des coeurs froids

Tout d'abord je tiens à remercier les éditions du Chat Noir pour leur confiance. J'ai appréhendé le style "steampunk" lors des Halliénnales 2013 et il s'agit là de ma 1er lecture de ce genre, une découverte sous bien des aspects donc.

Nous suivons tour à tour les pérégrinations d'Antoine Bouchardin, jeune provençal fraîchement débarqué à Glasgow pour ses vacances, Harald "aux doigts dorés" Mac Millan, vampire psychique de son état, et Irvine Pétrovitch, inspecteur bourru. Le fait de ne pas avoir un narrateur unique donne un rythme dès le début de l'histoire, les personnages ont tous ne personnalité propre et variée qui rend le récit agréable à suivre.
En plus des évolutions technologiques mêlées à la flore, des dirigeables et de la mode XIXème qui caractérise le steampunk, les elfes et autres loups-garous font partie du décors; bref un univers fort bien complet et développé le tout saupoudré de magie et d'alchimie.

Certains de nos protagonistes vont se retrouver malgré eux embarqués dans une aventure au delà de l'imaginable. Entre voyages dans le temps et les âges, rencontres avec des "célébrités" telles que certains alchimistes créateurs de la pierre philosophale et autres entités divines maléfiques, nous allons de surprises en surprises au fil des pages, mais la sauce prend bien.

Concernant les personnages, je vais un peu plus approfondir car ils en valent la peine:
j'ai vraiment beaucoup apprécié la relation entre Harald et son petit compagnon métamorphe qu'il a créé: Mouscarpion. Celui-ci, malgré sa taille de rongeur et le fait qu'il ne puisse s'exprimer que par pensée avec son maître, se révèle un véritable atout et protecteur pour le vampire. Une bête adorable somme toute et unique comme son créateur. Le vampire psychique, bien que légèrement moins "au centre" de l'histoire que je ne l'aurais cru, est en fait la clé de toute l'histoire au final, mais je vous laisse découvrir de quelle manière. ^^
Pour ce qui est d'Antoine, j'ai trouvé son métier fort assez singulier mais il colle parfaitement à l'ambiance générale du roman. Sa curiosité et son entêtement sont au premier abord assez agaçants, et son comportement égoïste, mais son rôle au final, va se révéler salvateur bien qu'il ne doute lui-même (et nous aussi) au fil de la lecture.
L'inspecteur Pétrovitch est une sorte de caricature (ou archétype?) du policier: bourru sans être patibulaire, forte carrure qui sait se faire respecter de ses sous-officier, un roc cachant un coeur tendre; acharné au travail et plongé malgré lui dans les méandres fantastiques, il va apporter son savoir à la quête visant à résoudre les morts mystérieuses qui frappent Glasgow.

Une histoire donc prenante, malgré mes difficultés à rentrer dedans au début à cause de ce style particulier, mais au fil des pages nous sommes pris dans le flot des mystères, et nous suivons ces personnages facétieux jusqu'à l'affrontement final. Magie, fantastique, onirique, complot divin et autres voyages temporels le tout mené par une écriture accessible, tantôt loufoque, tantôt sanglante, mais le tout avec brio.
Sans être un coup de coeur, j'ai vraiment passé un bon (long) moment entre ces pages et je le recommande vivement aux lecteurs aimant le mélange des genres.

Je remercie une dernière fois les Editions du Chat Noir pour cette découverte, malgré le fait que je fus longue à lire entièrement ce roman, je voulais savoir le fin mot de l'histoire, et l'aboutissement de cette aventure en "happy end" est à la hauteur du reste du texte: prenant et surprenant.