[HP Lovecraft] L'Affaire Charles Dexter Ward

Année d'édition : 2002
Edition : J'ai Lu
Nombre de pages : 126
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : Providence, États-Unis, 1918. Charles Dexter Ward est un jeune homme passionné d'archéologie, d'histoire, et de généalogie. C'est par le biais de cette dernière que Ward se découvre un ancêtre nommé Joseph Curwen, qui avait fui la ville de Salem lors de la grande chasse aux sorciers au cours du XVIIIe siècle, et qui vint s'établir à Providence, où il décéda en 1771. Cette découverte sera le début d'un drame au cours duquel le jeune homme perdra l'esprit. Pourquoi, par exemple, l'écriture et le comportement de Charles Ward deviennent-ils peu à peu semblables à ceux de Joseph Curwen ?

Lorsqu’un jeune homme de vingt-six ans, Charles Ward, sombre peu à peu dans la folie de manière inexplicable, son histoire intéresse bien des médecins et des curieux. Les témoignages attestent tous qu’il s’est montré sain d’esprit bien longtemps après avoir commencé de curieuses activités. Après de brillantes études d’histoire, domaine qui le passionnait, Charles a découvert par hasard qu’il était descendant de Joseph Curwen, un homme originaire de Salem qui aurait vécu exceptionnellement longtemps, qui aurait mené d’étranges expériences dans sa maison trahie par des lumières nocturnes et un personnel bien trop vite renouvelé, et qui fit l’objet d’un assaut de la part des habitants aussi radical que mystérieux. Fasciné, Charles Ward se renseigne sur les mystérieuses recherches de son aïeul. Et son attitude inquiète de plus en plus ses proches.

MAGISTRAL! Un chef d’oeuvre du fantastique comme on en voit peu. La maîtrise de la narration est totale. On multiplie d’abord les rumeurs, les impressions, les on-dit autour de la folie de Charles Ward. Les témoignages du médecin notamment nous font tourner autour du personnage de manière de plus en plus précise. L’histoire de Joseph Curwen est présentée comme une légende locale, nourrie de croyance et de terreur populaire et accréditée par les documents et témoignages d’époques, un subtil mélange d’éléments incontestables et de diaboliques interventions irrationnelles.
Charles Ward, lui, est présenté comme un cas médical et lorsqu’il s’enferme dans son laboratoire, on restera soigneusement de l’autre côté de la porte d’où ne nous parviendront que des voix, des bruits, des odeurs. De la même manière que l’on ne saura jamais ce que l’expédition de villageois a trouvé chez Jospeh Curwen, le cas Charles Ward est évoqué avec un maximum de cartésianisme, d’incrédulité, ce qui le rend encore plus froidement terrifiant. Très vite, on en vient à essayer de comprendre, à douter de tout, à ne plus savoir qui est qui. A quel moment est-on en face d’un Charles Ward lucide, à quel moment sa folie prend-elle le dessus… Arriver, en si peu de pages, à nous faire regarder par-dessus notre épaule, par notre fenêtre, et faire entrer le mal et la magie noire dans notre quotidien, juste dans la maison d’à côté, chapeau!

Je te rejoins complètement, Mélusine ! C'est une des nouvelles les plus "complètes" de l'auteur, d'après moi.