Dans « French Kiss 1986 », vous trouverez beaucoup de choses, de l’humour sans nul doute, de très jolies planches avec parfois des personnages filiformes hyper caricaturés dans leur émotion ou sensation, ce qui ajoutera à l’humour ambiant, des dialogues enfantins mais aussi plein d’esprit où le zozotement et les erreurs grammaticales de la jeunesse fleure bon avec les blagues scato et innocentes mais aussi la « violence » des jeux d’enfance.
De nos jours, Lucas et sa petite sœur Leïa partagent un repas animé avec leur parent jusqu’à ce que le garçon demande à son père comment il a rencontré sa mère. C’est ainsi que débute une histoire datant de 1986 qui rappelle indéniablement la « guerre des boutons » version québécoise au travers d’une guerre de pirates séparant deux clans ennemis de la jeunesse locale menés de front par deux gosses qui s’en mettent plein la figure ; Étienne, âgé de 9 ans, capitaine pirate de la rue Beaulieu et sa rivale de toujours La Grande Rousse, capitaine de la rue Perron, dont faisait partie la petite Marie aux cheveux noirs et aux yeux verts dont il était secrètement amoureux…
Si vous aimez les guerres de clans enfantines avec leur imagination prolifique pour faire mordre la poussière à l’ennemi, les répliques pleines d’humour, la violence, innocente quelque part, de gamins qui sont tellement à fond dans leur jeu qu’ils peinent à en sortir ou encore les romances toutes mignonnes mais néanmoins passionnées par l’innocence du sujet de ses jeunes enfants alors vous devriez passer un très bon moment en compagnie de ces petits monstres !
Voilà comment une rivalité ancienne entre Etienne et la Grande Rousse va dégénérer en combat de pirates et chasse aux trésors, plongeant dans l’univers de Peter Pan avec des pirates sans cœur et sans reproche n’hésitant pas à user de la violence pour piller et obtenir ce qu’ils veulent, les armes sont imaginatives et franchement les tactiques des uns et des autres bien bidonnantes. Si les stratégies peuvent laisser à désirer dans le clan de l’Oeil noir/Beaulieu mené par Etienne, du côté des Rouge-gorges/Perron mené par la Grande Rousse, c’est un autre calibre !
L’humour a la part belle dans cette bande – dessinée toutefois il y a aussi pas mal d’idées véhiculées au travers de ce titre, ce n’est pas seulement un condensé d’enfants qui se tapent sur la figure, c’est aussi tout une réflexion sur l’amitié et sur les premiers amours avec une conception du romantisme propre à la piraterie et établie par Etienne qui prête à sourire quand on sait qu’il tente par moult moyen de cacher son amour pour la jolie petite Marie qui fait partie du clan adverse. Difficile comme situation à gérer face à ses propres troupes !
Par ailleurs, le coup de crayon est assez original, avec des expressions exagérées et des visages démesurés, toujours dans cet optique probable d’accentuer le trait d’humour de l’ensemble. De même, la colorisation joue uniquement sur trois couleurs bien tranchées, le noir, le blanc et le beige, c’est suffisant en soit, le tout est harmonieux et franchement bien réalisé. En plus, l’auteur joue avec nos souvenirs d’enfance, du moins si vous êtes de cette génération là, les clins d’œil sont nombreux notamment les parodies des affiches de film en début de chapitre.
En bref, une bonne bande – dessinée bien poilante à savourer sans aucune modération, vous rajeunirez à vue d’œil avec cette lecture, le ton est rafraîchissant et décalé et les personnages bien individualisés, avec leurs caractéristiques drôles et uniques, viennent à chaque parole vous soutirer des rires tant leur innocence et leur imagination sont incroyables. A découvrir !