Copier-coller de mon retour de lecture posté sur mon blog...
Je me doutais, vu la fin de La saveur des figues, que je n’aurais sans doute pas autant d’affinité avec le tome 2, ce qui a été le cas. Cependant je suis loin d’avoir été déçue car l’absente y reste présente en pensées, qu’on y croise une bande de compères, marins d’âme et de cœur, pour le moins attachants, le tout en retrouvant les personnages clé de La saveur.
On reste dans l’optique de se laisser porter par un roman d’aventures avec des choses sensées et intelligentes dedans.
La bonne surprise, c’est que le ton change subtilement. Moana a grandi, mûri aussi, et cela se sent.
Même si, pour les relations avec les garçons, il y a encore des progrès à faire. Les premiers chassés-croisés amoureux, les espoirs, les déceptions, les quiproquos : la jeune fille apprend que c’est bien plus compliqué qu’elle ne le croyait… Et ce n’est pas comme si elle n’avait que ça à gérer.
On retrouve dans ce roman l’écriture très accessible de Silène. Seul le temps de narration a changé. La transmission de valeurs et la lutte contre l’acculturation du premier tome y sont toujours aussi importantes. D’autant plus que la soif d’apprendre des personnages n’est pas limitée à une culture normalisée, il s’agit aussi de sauver des éléments de culture populaire, très révélatrice d’une époque et de ses mœurs, ce que j’ai trouvé vraiment bien. L’amour du cinéma partagé par Pierre et Chris est en ce sens vraiment contagieux (même si je ne comprends toujours pas pourquoi la collection qu’ils protègent et partagent n’est pas constituée de DVD dès le départ, vu son époque d’origine).
Par contre, les risques à prendre pour lutter contre l’opacité du pouvoir en place sont plus concrets, leurs conséquences plus graves. Moana est à peine plus âgée que dans La saveur, elle reste une adolescente, mais cette fois-ci elle est bel et bien catapultée dans des problématiques adultes qui la dépassent.
Notez que je pense que les romans peuvent se lire indépendamment, car le début du Bateau vagabond est assez clair pour qu’il soit accessible même sans avoir lu La saveur des figues avant (ce qui serait tout de même dommage, à mon sens, mais je ne suis pas objective).
Tout comme dans La saveur, il y a des points de détails auxquels je n’ai pas forcément adhéré (je ne m’attarde pas dessus pour ne pas en dire trop), mais cela ne m’a pas gâché la lecture. Par contre, je ne peux pas dire que j’ai apprécié, sur la fin, de voir un personnage clé du tome 1 sacrifié, bien que je comprenne l’importance symbolique de cette disparition. Moana devient adulte, l’engagement qu’elle prend ne se fait pas à la légère et peut avoir des conséquences dramatiques, surtout pour ses proches. L’émancipation et la rébellion ont un coût.
Heureusement, il y a Pierre, mon personnage préféré, de loin. Même dans le tome 1, je le trouvais super attachant. Son évolution, ce que laisse sous-entendre sa détresse vis-à-vis de celle de Chris, m’ont beaucoup touchée. J’espère que l’auteure le soignera dans le tome 3.
(si elle le sacrifie à son tour, je boude)