De l'importance des descriptions

Bon un petit sujet pour nous auteurs afin de discuter ensemble de la manière dont vous écrivez vos descriptions.
C'est important on le sait et ça peut gêner un lecteur s'il n'y en a pas assez mais comment bien écrire une description?

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Pour bien écrire une description je pense qu'il faut d'abord se représenter la chose qu'on veut décrire dans ses moindres détails, puis effectuer une coupe pour atteindre la longueur voulue. Quand on a fait une première description, on peut toujours ajouter quelques informations plus tard quand le personnage/la chose à décrire se présente à nouveau. Ce peut être l'occasion pour le héros de découvrir un élément qu'il n'avait pas aperçu auparavant, par exemple.

pour ma part je vais m'essayer avec des croquis annotés pour ne rien louper et permettre qu'on visualise bien ce que j'ai en tête.

Tu t'inspires juste de l'image que tu as en tête sans t'aider de rien d'autres?

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Ca dépend pour quoi. En général oui mais il peut arriver que je me base sur des choses réelles ou fictives pour me servir de base. Par exemple, l'uniforme des Légionnaires lantardiens est inspiré du style baroque qu'on peut retrouver sur le personnage de Casca, ce qui m'a fourni un socle sur lequel poser Sunie.

Au niveau des paysages j'ai des "gravures" en tête qui sont elles aussi tirées de Berserk mais seulement dans le principe : j'imagine une scène magnifique, avec un éclairage particulier, et je fige cette image dans ma tête sous la forme d'une gravure. J'ai du mal à expliquer ça avec des mots en fait c'est très visuel. Il s'agit vraiment de se représenter quelque chose et de le figer en une lithographie fixe et idéalisée que tu pourras décrire à loisir...

Mais bon, ça c'est ma manière de fonctionner. En outre, il m'arrive souvent de partir sur un concept et de greffer des choses dessus au fur et à mesure, tant et si bien que je découvrirais l'objet de la description en même temps que le lecteur si celui-ci avait lu par dessus mon épaule lors de l'écriture. Un exemple frappant de ce phénomène est l'héliomandare : j'avais dans l'idée de créer quelque chose de complètement aléatoire mais je n'avais aucune idée de ce à quoi il allait ressembler, à part qu'il allait être sphérique. J'ai rajouté des trucs et des bidules au fur et à mesure et quand j'étais satisfait de l'allure qu'il avait j'ai arrêté =)

personnellement je commence juste par faire une fiche précise de chaque personnage et lieux, quitte à la compléter plus tard. Puis quand je rédige mon texte, j'écris simplement ce qui me semble bien au moment qui convient en gardant bien en tête la cohésion de l'ensemble. Je n'écris pas façon "puzzle", c'est une technique qui ne me convient pas. Et comme je n'ai pas d'imagination visuelle, c'est plutôt les phrases à utiliser qui me viennent en tête.

L'idéal vers lequel j'aimerais tendre, c'est la description «expérientielle».

C'est à dire qu'il faut construire les descriptions de façon à transcrire en même temps la perception que le personnage a de l'objet décrit (décors, objets, personnages, peu importe). C'est, en fait, se servir des yeux du protagonistes pour décrire ce qu'il voit ET comment il le voit. Ce qu'il perçoit, ce qu'il expérimente.

Une bonne description nous fait d'abord et avant tout connaître la personne qui décrit.

Même avec un narrateur plus éloigné, moins focalisé sur le personnage, c'est payant de miser sur l'«expérientielle».

Merci Patrice pour ce superbe conseil, il m'éclaire vraiment!

Tout le plaisir est pour moi, Salsera :)

En relisant mon message, je me trouve un peu flou, par contre...

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Hmm personnellement j'ai compris ta pensée et c'est vrai que c'est une idée intéressante...

heu ben perso ça me semble assez évident : écrire un texte à la base c'est un processus qui est basé sur un choix de point de vue (omniscient, ou d'un personnage, etc), donc écrire la description en respectant le point de vue choisi, c'est juste une question de cohésion avec l'ensemble du texte. ça me paraîtrait incohérent de procéder autrement...

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Bah ça dépend, si t'as envie de mettre des effets de style (métaphore filée & cie) tu seras tenté de basculer en omniscience alors que d'habitude tu es en point de vie personnage. Personnellement j'oscille.

Oui, car une différence si j'ai bien compris sa donnerai un truc du genre.
"il vu un grand mat d'un mètre de haut en métal auquel siégeait un drapeau rouge rempli d"étoile " Et
"il contempla le grand mat métallique qui se dressait fièrement devant lui, se remémorant les lourdes barrières de son lycée qu'il détestait tant et revu le dessin d'un camarade sur le mur de la classe quant le drapeau rouge parsème d'étoile, ondula devant ces yeux.

Bon j’espère que j’ai compris le truc.

Cependant c'est le genre de truc à double tranchant, car si par exemple le personnage éprouve un profond dégout envers un objet, il faut faire une description brève, car si le lecteur est imprégné dans le personnage il risque de suivre ce sentiment et de passer une description trop longue.

Tyrork Deffbringa a écrit:: Bah ça dépend, si t'as envie de mettre des effets de style (métaphore filée & cie) tu seras tenté de basculer en omniscience alors que d'habitude tu es en point de vie personnage. Personnellement j'oscille.

faudrait voir le résultat sur un vrai texte, pour juger... mais perso j'aurais peur que ça soit incohérent, j'évite de le faire. Ou alors je mets un saut de paragraphe pour bien marquer le changement de point de vue.

Citation :: car si le lecteur est imprégné dans le personnage il risque de suivre ce sentiment et de passer une description trop longue.

Gné ?

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Ce que kalishiva voulait dire c'est que le dégoût du personnage pour l'objet décrit risque d'être contagieux.

@Sherryn
«écrire un texte à la base c'est un processus qui est basé sur un choix de point de vue»

Oui, mais ce n'est pas ce que je voulais dire.

Il faut se servir de la description pour transmettre de l'information sur celui qui décrit (ou qui voit, qui expérimente, selon le point de vue). Un peu comme Kalishiva l'a fait dans son exemple.

Il faut choisir ses termes en fonction de l'expérience, du bagage de celui qui décrit, afin d'insuffler de la vie à la narration.

@Tyrork et Kalishiva
«Ce que kalishiva voulait dire c'est que le dégoût du personnage pour l'objet décrit risque d'être contagieux.»

Et c'est ce qu'il faut rechercher. Si le personnage éprouve du dégoût, faites-en ressentir au lecteur! C'est la clé (et le défi) d'une bonne description.

Citation :: Il faut se servir de la description pour transmettre de l'information sur celui qui décrit (ou qui voit, qui expérimente, selon le point de vue). Un peu comme Kalishiva l'a fait dans son exemple.

oui mais justement ça me paraît un processus assez évident, surtout si on a choisi le point de vue d'un personnage au moment de la description, c'est de la cohérence de texte

Citation :: Et c'est ce qu'il faut rechercher. Si le personnage éprouve du dégoût, faites-en ressentir au lecteur! C'est la clé (et le défi) d'une bonne description.

là je suis particulièrement d'accord, je dois dire...

Ça va au-delà du point de vue et de la cohérence du texte, mais bon, je crois qu'on ne s'entendra pas sur ce point-ci :)

Retiens plutôt ceci, le personnage n'est pas une caméra (peu importe que le narrateur soit omniscient ou collé sous le crâne de ton protagoniste). Il faut utiliser son bagage, son vécu, ses expériences pour construire les descriptions de ce qu'il rencontre sur son chemin. ET (j'aurais dû insister sur cette dimension de «l'expérientielle» depuis le tout début), il faut surtout décrire l'expérience que suscite l'objet, ce que ça cause comme réaction chez celui qui observe.

Le texte a beaucoup plus d'impact quand on s'efforce de narrer ce qui est ressenti par le personnage. Décrire un objet, un paysage, une action dans tous ses détails, si bien que le lecteur peut se l'imaginer en fermant les yeux, ça ne vaut pas grand chose si ça reste que quelques lignes sur une page. Il faut rendre la description viscérale, trouver ce que ça suscite chez le personnage. Le lecteur se prendra au jeu, c'est garanti...

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Hm, en tout cas j'ai tendance naturellement à faire ressortir ce qui prévaut comme sentiment chez le personnage acteur. Par exemple, devant un automate insolite (d'aucuns se souviendront de l'héliomandare dont j'avais posté la description sur le forum) Sunie n'entend rien au fonctionnement du bidule, ce qui donne une description très abracadabrante et confuse. Si j'avais pris le point de vue de son concepteur ou d'un amateur en la matière, j'aurais décrit ça comme une merveille de mécanique.

Pour autant, je décris comme si j'étais en narrateur omniscient...

Génial comme effet. Ça crée une narration organique, moins artificielle.

Edit: Bon, je cherche partout sur le forum et je ne trouve pas ce fameux extrait. Je peux voir une retranscription? Pour le plaisir?

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Certainement : L'héliomandare, comme son concepteur se plaisait à l'appeler, était un curieux assemblage tout à fait improbable de trucs, de bidules et de machins à peine plus gros que le poing dont la fonction exacte semblait être un défi lancé à l'intelligence humaine. Le corps de l'engin était une sorte de sphère irrégulière à multiples facettes d'où dépassaient anarchiquement des engrenages qui paraissaient heureux de tourner dans le vide. Des cadrans bizarres recouvraient la partie inférieure de l'appareil, grotesques organes sensoriels de cette bête difforme.

Leur comportement était aussi aléatoire que celui du reste de l'intrigante machine : certains indicateurs demeuraient tristement immobiles malgré les mouvements hasardeux de l'héliomandare, d'autres oscillaient entre plusieurs valeurs sans avoir trop l'air de vouloir se décider, mais la majorité des pointeurs se contentait gaiement de tourner à une vitesse folle sans raison apparente. Quatre hélices, dont deux ne fonctionnaient que par intermittence sans qu'on ne sache trop pourquoi, donnaient vaguement l'impression de pouvoir sustenter la petite machine dans les airs, et des voyants lumineux greffés à l'héliomandare clignotaient sporadiquement, comme s'il tentait gauchement de communiquer avec son environnement immédiat.

Dans l'ensemble, Sunie n'avait pas la moindre idée de ce à quoi cet étrange automate pouvait bien servir.

C'est un petit bonhomme très sympathique, vraiment !

J'adore :)

La confusion est palpable, la description est rythmée (quoiqu'un tantinet trop soutenue par les adverbes, mais chut, je me tais) et très amusante.

J'ai franchement ri aux endroits suivants:
«dont la fonction exacte semblait être un défi lancé à l'intelligence humaine.»
«Quatre hélices, dont deux ne fonctionnaient que par intermittence sans qu'on ne sache trop pourquoi,»

et c'est toujours rigolo de «prêter une intention» à une machine inerte et de s'en frustrer.

Si on rapporte cette description aux concepts qu'on cherche à saisir: dead on, comme on dit. C'est ton personnage, et (à peu près) personne d'autre qui pouvait percevoir cette machine de cette façon. Ça en dit même davantage sur la personne qui voit que sur l'objet en tant que tel.

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Oui, on ne peut pas dire que Sunie soit une personne dotée d'une curiosité scientifique et d'une patience à toute épreuve... Mais bon ! ^_^

Quant à mon style haha... Ma yé bésouin dé volume pour exprimer pleinément mon art ma qué.

Au sujet des adverbes...

(Je peux? C'est dans un esprit d'échange et de partage, en aucun pas pour étayer de grandes connaissances littéraires [comprendre, sans prétention, sans malice, sans rien, croix de bois, croix de fer])

Je ne suis pas un fervent suppôt des Chasses aux Sorcières systématiques du genre «Ne nous posons aucune question et traquons tel et tel mots sans relâche», mais, à mon avis, un texte gagne à retrancher la plupart de ses adverbes.

Côté description, il faut savoir travailler ses effets ET les économiser.

Les adverbes... on peut en utiliser. Mais considérez-les comme des coups de gong. Un coup de gong bien placé, ça crée son effet. Ça détonne, ça secoue. Mais si on le fait sonner à toutes les lignes, il perd de sa saveur, il devient redondant, encombrant, assourdissant et abrutissant.

Qu'en pensez-vous?

lycan Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012

Hum... Ben c'est vrai que si je relis mon texte en traquant les adverbes j'ai l'impression qu'il est tout pourri...

Hahaha!

Tu es bien un écrivain, Tyrork. Tu oublies et balaies de la main tous les commentaires positifs qu'on t'a laissés et tu décides que ton texte est nul Wink

Il y a toujours quelque chose à améliorer.

Et le dernier satisfait (si ça arrive un jour), ce sera nécessairement toi-même.