[Delphine Bertholon] Grâce

Année d'édition : Mai 2013
Edition : Le livre de poche
Nombre de pages : 312
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : Dès que je passai le seuil de la maison, je sus que quelque chose n'allait pas. 1981. Dans la campagne beaujolaise, Grâce Marie Bataille, 33 ans, vit avec ses enfants au rythme des allées et venues de son mari, représentant de commerce. Quand elle engage une jeune fille au pair polonaise, cette existence bien rangée vole en éclats. 2010. Nathan, son fils, vient la retrouver pour fêter Noël en famille. Mais cette année, tout est différent. Tandis que d’étranges incidents surviennent dans la maison, des secrets du passé menacent de ressurgir... Delphine Bertholon construit son univers en croisant ceux de Claude Chabrol et de Stephen King. À cette province étouffante, magistralement décrite, se superpose une atmosphère de film d’épouvante.

Mon avis :

En 1981, Grâce vit avec son mari, Thomas, bien trop souvent absent, et ses deux enfants, Lise et Nathan. Pour la soulager un peu, ils ont engagé une jeune fille au pair : Christina, une jeune fille de l’Est au physique parfait. Alors forcément, elle va être jalouse et voudrait se confier à son mari. Mais comme il n’est pas là, elle prend le parti de lui écrire pour lui dire ce qu’elle a sur le cœur.
En 2010, Nathan se rend chez sa mère pour les fêtes de Noël. Il est accompagné de ses deux jumeaux de six ans, Colin et Soline, dont la mère, Cora, est morte en leur donnant la vie. Il va y retrouver Lise, sa sœur aînée, qui est un peu garçon manqué sur les bords. Mais ce qui devrait être des retrouvailles en familles va être une succession de faits étranges. Nathan va en parler en s’adressant à Cora, celle qu’il aimait tant et dont il ne parvient à faire le deuil.
De gros secrets de famille ont manifestement été dissimulés. Mais de quoi s’agit-il ? Et est-il bon de déterrer tout cela après trente ans ?

Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé les choix d’écriture de Delphine Bertholon. La double narration, entre passé et présent, relatant des faits à travers deux personnages différents, est un concept qui m’a beaucoup plu. On a envie d’en savoir davantage, d’essayer de relier les éléments entre eux telles des pièces de puzzle. De plus, cette auteure a un style bien à elle que l’on prend beaucoup de plaisir à lire, suscitant toujours davantage la curiosité du lecteur.

De plus, on ressent une réelle empathie pour les protagonistes. Colin et Soline, ces deux enfants forts malgré cette mère qu’ils n’ont pas connue et qui sont le centre de toutes les attentions de Nathan. Nathan, cet homme ravagé par la perte de son épouse, qui essaie peu à peu de se reconstruire. Mais quand on a vécu le grand amour, et que celui-ci est parti à jamais, comme il semble difficile de continuer à avancer. Ses deux jumeaux sont donc un moteur pour lui. Puis il y a Grâce, cette mère de famille qui a souffert, qui a connu une réelle solitude, qui a tenté de maintenir à flots l’amour de son mari déjà loin. Sa douleur est bouleversante. Il s’agit de personnages forts, qui m’ont marquée en tant que lectrice et que je ne suis pas près d’oublier.

Et puis il y a tous ces phénomènes étranges qui arrivent : une couleuvre dans la maison, une fenêtre brisée, un couteau planté au plafond. Cela rend l’atmosphère pesante. Que leur arrive-t-il ? Qui est-ce qui en a après eux ?

Prenant pour thème ce qui aurait pu être un fait banal, à savoir des retrouvailles en familles à l’occasion de Noël, Delphine Bertholon nous livre ici une œuvre incroyable, qui va vous prendre aux tripes page après page. Ce fut le cas pour moi, et c’est avec une certaine émotion que j’ai achevé la lecture de ce livre qui se termine sur une fin magistrale. Grâce m’a fait passer par tout un tas d’émotions, et m’a parfois mise très mal à l’aise. À n’en point douter, je vous le recommande !