Ray Bradbury est un auteur que j'aime beaucoup- chaque relecture des Chroniques Martiennes est pour moi un pur bonheur, pour ne parler que d'un de ses romans les plus connus.
J'avais l'habitude de le retrouver dans le genre science-fiction, aussi ai-je été très surprise par ma lecture de
La foire des ténèbres .
Quel endroit plus angoissant qu'une fête foraine ? Avec ses miroirs déformants, ses labyrinthes, sans parler des forains étranges qui font des tours si surprenants...
La foire des ténèbres est le récit du combat de deux amis, Jim et Will, qui ont presque 14 ans, contre deux adultes, Mr Dark et Mr Cooger. Ces derniers sont les propriétaires de la foire foraine qui s'installe près de leur ville, en pleine nuit. Les deux ados, attirés par cette installation nocturne, assistent à un spectacle à la fois attirant et effrayant : les chapiteaux semblent se monter d'eux même, vivants, des bruits lugubres troublent la nuit...
A cet âge, on n'a bien entendu qu'une envie : faire un tour à la foire dès le lendemain...
Jim et Will vont glisser dans un véritable cauchemar. Leur adjuvant sera Charles, le père de Will.
La relation entre le père et son fils, leur découverte mutuelle, est une des choses que j'ai le plus aimé dans ce roman. Charles est un personnage très attachant.Il nous est tout d'abord décrit comme un homme "vieux" : il s'est marié tard, et se reproche souvent d'avoir eu un enfant parce qu'il se croit incapable de répondre aux besoins de son fils : avoir des jeux tapageurs avec lui, faire du foot etc. Il est ombrageux, aime surtout passer du temps dans la bibliothèque où il travaille, parfois même il quitte sa maison en pleine nuit pour y aller. Malgré tout, on se rend compte qu'il a une belle relation avec sa femme, et qu'il comprend son fils et qu'un amour sincère et fort les lie.
Ce roman m'a beaucoup plu. Je le vois comme le père de tous les films et romans d'horreurs contemporains mettant en scène une quelconque fête foraine et ses "monstruosités" : il est paru aux États-Unis en 1962, et je suis certaine qu'il a du marquer bien des esprits. Le talent de l'auteur nous entraîne. Je précise bien que je suis loin d'avoir tout vu et lu, donc ce n'est pas un fait, il y en a eu sans doute des plus anciens.
Un seul bémol pour moi : j'ai du mal avec les romans qui mettent en scène des ados, je me sens moins à l'aise que pour suivre de jeunes enfants ou des adultes. Mais ces deux jeunes garçons sont vraiment intéressants, et je leur ai trouvé une fraîcheur d'enfants plus jeunes en même temps qu'une maturité originales.
J'ai passé un très bon moment avec ce roman.
"Plus fort, Will, fait le pitre ! Ne leur laisse pas boire tes larmes et en redemander ! Ne les laisse pas s'emparer de tes pleurs, pour les retourner à l'envers et en faire leur sourire à eux ! Que le diable m'emporte si je laisse la mort me prendre ma tristesse pour s'en faire une parure. Ne leur donne rien, Willy, laisse jouer tes os ! Respire ! Gueule ! » p.262