Quadra rêveuse archi-romantique, Elvira est infirmière.
Parce que c'est plus pratique pour cette demoiselle un peu agoraphobe sur les bords, elle loue un appartement chez un collègue, au rez-de-chaussée. Lui, vieux garçon d'une tranquillité assommante, vit chez sa défunte Môman, à l'étage.
Elvira fait une "petite dépression" depuis un mois, burn out du au boulot pas joli-joli qu'elle fait depuis une vingtaine d'années : les deuils, les larmes, les accidentés en morceaux, les enfants mourants, elle craque un peu... Elle se soigne à coup de masques régénérants, d'huiles essentielles, quelques cachetons et doigts d'alcool. Mais ce qui la fait planer, l'Elvira, c'est son amoureux tout neuf, qui lui parle si bien, lui promet mille caresses et du romantisme à l'étouffer. Jusqu'au post de trop : il est pressé, veut la rencontrer ! Comment, je n'ai pas précisé ? Elvira vit à sur la toile. Si elle se pomponne, c'est pour sa web cam. D'ailleurs, c'est décidé, bientôt elle fera show room : elle montrera des heures de sa vie à ses futurs fans :
"Bonjour. Je suis Elvira et je vais vivre pour toi !".
Celle qu'on imaginait comme une femme indépendante sûre d'elle, on la devine vite craintive. "On" a fouillé dans ses affaires...Bu dans ses bouteilles...Et tous ces cadavres qui s'accumulent dans son environnement, ses femmes qui ont un lien avec l’hôpital où elle travaille et qui, en plus, lui ressemblent...ça lui donne envie de fouiner, bien entendu.
De plus en plus effrayée par l'extérieur, elle a parfois des réactions un peu irrationnelles qui font sourire mais prouvent son mauvais instinct de survie, ce qui pour une héroïne de thriller est un peu flippant.
Décidément, qu'est-ce que j'aime lire cette auteure ! Avec ce récit à la première personne entrecoupé par de courts chapitres sanglants du point de vue de l'assassin, c'est glaçant ! Et quel plaisir d'être surprise par le dénouement : j'avais envisagé beaucoup de possibilités, mais pas celle là !
"Je sais que je ne suis pas laide, mais je me sens laide, si vous voyez ce que je veux dire. Un cauchemar, la plage. Tous ces yeux. Du vent, de l'air, plein d'air, trop d'air partout. Pas de murs où s'appuyer, rien pour vous protéger. et tout ce sable qui colle partout, après on en a plein les chaussures, même en faisant attention, non vraiment, pour moi la plage ça évoque plus les affres du débarquement que le détente."p.39