Martial a quitté la France pour la Californie, en compagnie de Fidélia, la nièce de son bienfaiteur émigré en Amérique. Rose-Aimée n'a eu aucune des trois lettres qu'il a laissé pour la prévenir qu'il ne pouvait s'attarder, recherché par la police. Enfin libérée par Madame Colombet qui était décidée à séparer les amoureux, Rose-Aimée attend, attend, encore et toujours, que Martial se manifeste. Mais celui-ci n'ose pas retourner vers elle à cause de la certitude qu'il lui a déplu lors de leur dernière entrevue: il se traîne donc de saloon en saloon, se blesse volontairement, pour expier sa "douleur d'amour". Un de ses amis piliers de taverne, Bruce, finit par l'emmener de force en France. Là-bas, Rose-Aimée a fort à faire: on menace de détruire le vieux couvent désaffecté où elle vit.
Ce tome-ci est un peu plus mou que le précédent, surtout au début, parce que concrètement, Martial ne fait pas grand-chose, et c'est surtout sur la rédemption de Fidélia que la première partie du roman est centrée. Même si j'ai trouvé un peu rasante cette partie (je ne suis pas trop fan des lamentations romantiques), j'ai été frappée par les actes de désespoirs de Martial, auquel tous les aspects de sa vie semble échapper, jusqu'à sa chère liberté de marin puisque le sol français lui est maintenant interdit. L'histoire de Rose-Aimée m'a davantage plu et j'ai été immédiatement embarquée dans ses efforts pour sauver son couvent et échapper au prêtre qui la soupçonne de sorcellerie, elle qui porte malheur aux hommes et vit avec des fantômes. A partir de la seconde moitié du livre, tout s'accélère et curieusement, les obstacles s'accumulent, comme si le monde entier voulait se mettre entre les deux tourtereaux. Si l'histoire d'amour est au point mort et traîne encore et encore, j'ai retrouvé ce que j'aimais dans la plume de l'auteure: ne pas se contenter d'une bluette larmoyante et nous transporter dans le monde des protagonistes. Ici, on se retrouve tantôt avec des marins prêts à jeter une passagère par-dessus bord pour calmer une tempête, des bagnards sales, pouilleux et détruits, des bourgeois superficiels. On est dans un vrai film en costume criant de vérité qui donne à cette histoire d'amour une profondeur inattendue. Les pages ont défilé, je l'ai lu en une journée sur mon transat et il m'a valu un bon coup de soleil: vous l'aurez compris, je me suis régalée.