C'est un gros pavé, mais je ne l'ai pas trouvé très difficile à lire (bon long, ça oui...)
Un peu moins de mille pages pour ce roman qui m'a laissé sur des sentiments bien différents. D'abord, un sourire cynique: en bonne femme du monde, Anna vit dans une société du paraître, où l'on se marie avec un bon parti plus que par amour, où l'homme qui trompe sa femme peut garder le sourire mais pas la femme infidèle, où il faut avant tout sauver la face. Oblonski, son frère coureur de jupon, est un détestable personnage, et Wronski, dont tout le monde sait au départ qu'il n'est qu'un séducteur qui ne rendra jamais Kitty heureuse, n'a jamais attiré la moindre sympathie de ma part. Curieusement, c'est un peu la même chose pour Anna: au début, je n'ai pas accroché au personnage, qui m'a semblée très superficielle, peu crédible. On ne nous raconte pas vraiment la période où Wronski la séduit, ce qui donne l'impression qu'elle cède immédiatement, sans état d'âme. De plus, le fait qu'elle ne veule pas divorcer mais vivre avec son amant m'a paru étrange, tout comme l'absence d'affection pour sa fille, qui m'ont dérangée. Mais l'impression s'est inversée dans la deuxième partie, lorsqu'elle se rend compte que sa vie va dans le mur et qu'elle en devient à moitié folle: la fin du roman présente une Anna dramatique, voire tragique, qui m'a complètement emportée et j'ai pris l'issue de son histoire en plein dans la figure!
Par contre, toute une partie du roman m'est passée dix kilomètres au-dessus. On nous parle en effet d'une Russie terrienne, où l'on discute pour savoir quelles sont les meilleures positions à adopter pour tirer le meilleur de ses champs, tant sur le plan économique que sur le plan matériel. Là, je l'avoue, j'ai sauté des pages. Mais là où il fustige l'hypocrisie mondaine et civile, ce roman est une véritable ode à la vie des champs et à la beauté de la nature, grâce au personnage de Lévine, qui n'hésite pas à aller faucher avec ses paysans, à défendre le travail agricole, à regarder le soleil se lever et à dormir dans le foin. C'est d'ailleurs le personnage que j'ai préféré, fidèle, travailleur, intelligent, sans pour autant être parfait, il est aussi celui qui met en question les croyances religieuses tout comme le progrès techniques et politiques. Loin d'être centré sur une histoire d'amour adultère, ce roman a donc de nombreuses autres facettes, dont certaines m'ont beaucoup plu et d'autres m'ont laissée de marbre.
Une lecture agréable dans l'ensemble, mais beaucoup d'éléments auquels je n'ai pas réussi à accrocher.