| | Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote | |
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+9Cordelia1 Hellza Tears kalishiva Froggy80 Patrice Cazeault Tyrork Deffbringa chris62150 Louve 13 participants | |
votre choix | 1. texte 1 : L'Eljana | | 27% | [ 3 ] | 2. Texte 2 : Qqova | | 18% | [ 2 ] | 3. texte 3 : Nos'Ignat | | 9% | [ 1 ] | 4. Texte 4 : Ô ATALANTE | | 0% | [ 0 ] | 5.Texte 5 : traque humaine | | 0% | [ 0 ] | 6. texte 6 : Chasse à l’homme | | 45% | [ 5 ] |
| Total des votes : 11 | | Sondage clos |
| Auteur | Message |
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Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 0:42 | |
| Voici les textes reçus pour ce premier défi. Il fallait s'inspire de l'image suivante : - Spoiler:
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Je remercie les 6 participants, ça m'a fait très plaisir! Pour lire les textes il suffit de cliquer sur "spoiler" et de voter pour votre texte préféré. Vous avez jusqu'au 31 Août pour voter soit 15 jours, ce qui vous laissera suffisamment le temps de lire les textes! Merci d'indiquer pour quel texte vous avez voté et pourquoi. Ce qui l'a démarqué des autres selon vous ^^ C'est partie! texte 1 : L'Eljana - Spoiler:
Raez et Elhur agonisaient derrière les cimes squelettiques des arbres, colorant la terre d'une myriade de teintes rougeoyantes. Bientôt, la nuit tomberait sur la péninsule d'Ondaru. Pour la chasseresse, qui se tenait courbée sur les traces de l'élusif Eljana, cela signifiait plusieurs choses. Premièrement, les autres membres du clan allaient sans doute se lancer à sa poursuite en constatant qu'elle n'était pas rentrée avec le reste de la troupe. Deuxièmement, elle ne pourrait bientôt plus se fier à sa vue pour pister la bête qu'elle convoitait depuis maintenant dix ans. Autant de raisons qui la poussaient à intensifier sa traque.
Les yeux de la Sudaru, d'un noir à faire pâlir la voûte céleste qui se devinait déjà à l'horizon, se rétrécirent en examinant les empreintes de sa proie. Aucun doute n'était permis dans l'esprit de la nomade : l'animal accusait d'une boiterie à l'antérieur gauche, qui se posait avec lourdeur et creusait davantage le sol que ses consœurs. Les traces de sang qui maculaient les hautes herbes dans lesquelles elle se trouvait semblaient indiquer que la Mort A Mille Visages avait cueilli une vie de plus dans les plaines de l'ouest. « Sans doute un gros herbivore, songea la chasseuse. Il aura eu le temps de lui infliger une blessure avant de succomber. L'Eljana adore traîner ses victimes jusque dans sa tanière pour les y dévorer à son aise. »
D'une certaine manière, les habitudes du vorace prédateur devaient inévitablement finir par causer sa propre perte. À force de dominer la péninsule, il s'était laissé aller et négligeait la sécurité de sa demeure. Il l'invitait purement et simplement à venir le débusquer. C'en était presque trop facile.
La fille du clan des Tolnarinns allongea sa foulée. La lumière qui filtrait entre les branches dénudées des saules-de-veuves bordant le sentier se découpait sur sa peau nacrée. Les ombres mourantes du crépuscule dansaient sur son corps, fascinant spectacle de chair et d'obscurité entremêlées. À l'instar de ses frères et sœurs, la Sudaru avait été façonnée pour survivre dans l'environnement hostile qu'était la contrée d'Ondaru. Ses jambes, longues et fuselées, étonnaient par leur tonicité et leur agilité. Sa haute stature, parfaite pour surveiller les périls qui pouvaient surgir à tout moment de la végétation, était compensée par un thorax étroit et des épaules peu développées. La nourriture, aussi rare que dangereuse pour les nomades, leur avait imposé une physionomie taillée pour la chasse dont les formes effilées rappelaient celles d'une flèche barbelée.
Au détour d'un lacet, les traces bifurquèrent brusquement sur la droite et s'enfonçaient dans les ténèbres du bosquet qu'elle avait longé jusqu'à présent. La traqueuse se cambra et huma l'air, méfiante. Ses muscles, tendus telle la corde d'un arc sur le point de décocher, roulèrent sous son épiderme laiteux. Étrange, la piste s'était réchauffée. Elle pointa sa lance devant le trou béant que l'Eljana avait pratiqué dans le sous-bois et scruta le vide avec anxiété. La bête était-elle à ce point fatiguée de son précédent combat pour qu'elle l'ait déjà rattrapée ?
La Tolnarinn n'hésita pas longtemps. Elle s'était préparée depuis des années à ce moment et en savourait chaque seconde. Excitée à l'idée de tenir sa vengeance entre ses mains, elle raffermit sa prise sur la hampe de sa lance et se remit à courir derechef. Les plantes piétinées par l'Eljana et les fluides vitaux dont elles étaient souillées désignaient le coupable de leur tige. La nomade pressa encore l'allure.
Les doigts d'un saule plus courtaud que les autres lui éraflèrent l'épaule gauche dans sa course effrénée. Sans ralentir, elle pressa sa paume contre le tatouage qui en recouvrait la surface. Une hyène stylisée, l'emblème du clan qui l'avait vu naître, plastronnait fièrement sur son galbe et paraissait défier quiconque de s'en approcher par son regard de braise. Autour de sa gueule louvoyaient dix points tracés à l'encre noire. Dix points, un pour chaque hiver que la traqueuse avait passé à nourrir sa haine à l'encontre du monstre qui avait assassiné ses parents.
Les empreintes changeaient fréquemment de direction et la conduisaient parfois à rebrousser chemin. Elle ne s'en émut pas : il était courant que les animaux désorientés éprouvent une grande peine à regagner leur demeure. Réajustant le foulard qui cachait pudiquement ses minces lèvres rosées, elle redoubla d'ardeur. Bientôt, les jumeaux de flammes s'éteignirent pour laisser la place à l'astre lunaire, plongeant le bosquet dans une pénombre inquiétante. Mais il était trop tard pour abandonner : si l'air s'était refroidi devant la nuit, la piste, elle, était plus brûlante que jamais. La chasseuse bondit par-dessus un talus. Le ruban étincelant d'une rivière attira son attention. L'animal s'en servait sans doute comme point de repère pour se diriger. Elle suivit le cours d'eau durant une demie-douzaine de minutes jusqu'à parvenir dans une clairière. Son regard en croisa un autre. Elle s'immobilisa.
Le monarque de la péninsule se tenait là, lové contre la paroi rocheuse, à somnoler tout en écoutant le bruit de la cascade qui coulait non loin. Un cadavre de cerf éventré trônait sous son massif corps de félin. Il n'avait pas été entamé. Un cri d'alarme retentit dans l'esprit de la chasseresse. L'Eljana ouvrit alors les yeux. De deux fentes rougeâtres, ils se muèrent en une élégante paire d'agates de feu aux reflets marbrés. Ils se posèrent sur la Sudaru avec une paresse coulante, presque lascive. Puis, la Mort A Mille Visages se redressa, et la traqueuse comprit d'où provenait le surnom du prédateur le plus redouté d'Ondaru. La fourrure de l'Eljana, magnifique toison iridescente, ondoyait à la clarté de la Lune et semblait changer d'apparence au moindre de ses mouvements, si bien qu'il donnait l'impression d'être partout et nulle part à la fois.
La bête fit une poignée de pas dans sa direction. Ses membres se mouvaient avec une facilité déconcertante en une gracile démarche feutrée. Le cri d'alarme se fit cri de terreur. La pointe de la lance trembla. Reprenant ses esprits, la Sudaru lança son arme en un geste aussi empli de rage que de peur primaire. Elle fila droit vers l'Eljana avec un bruit sifflant. L'acier du vouge perfora le reflet de la Mort A Mille Visages, qui s'évanouit dans des volutes de fumée. Sa hampe se brisa contre la roche.
Un feulement sourd retentit derrière le dos de la Tolnarinn.
Texte 2 : Qqova - Spoiler:
Qqova porta la main à son visage. Le souffle chaud du désert n’arrivait pas à chasser les frissons qui lui assaillaient la colonne vertébrale. Agenouillée sur le sable, le dos contre le puits, Qqova reprenait ses esprits. L’attaque avait été si soudaine, si foudroyante.
La chose se savait donc traquée. Depuis quand? se demanda Qqova en se massant le front. Elle avait observé ses traces, guetté ses déplacements, de loin, sous le couvert des dunes, mais jamais Qqova n’avait perçu de changement d’attitude chez sa proie. Et pourtant, l’Enlikiel l’avait attirée jusqu’ici et lui avait tendu ce piège.
La nomade remua ses pensées de fond en comble, à la recherche de l’indice qui lui avait échappé. Quand s’était-elle trahie? Un vertige l’envahit alors qu’elle projetait dans son crâne le film de sa chasse. Elle avait d’abord repéré la créature en se guidant grâce à l’empreinte que celle-ci laissait sur le paysage. Un malaise flottait sur son passage, comme si sa présence déformait l’environnement autour de lui, plaquant sur le roc qu’il foulait un filtre obscur, comme une image résiduelle qui agaçait la rétine. Sur sa piste, Qqova sentait ses tripes réagir. Une note vibrante montait depuis le sol où l’Enlikiel posait les pieds et se réverbérait dans ses entrailles.
Au réveil, ce matin même, après que Qqova eut constaté que l’Enlikiel lui avait dérobé quelque chose, un troupeau de kalayals l’avait mise dans la bonne direction. Les bêtes, le museau dilaté et les yeux déments, galopaient à une vitesse furieuse, écrasant le sol et les maigres pousses de la steppe désertique. Elles détalaient à un rythme qu’elles ne pouvaient soutenir plus de quelques minutes dans cette chaleur, au risque de défaillir. Pourtant, elles s’échinaient ainsi depuis que Qqova les avait aperçues à l’horizon.
Alors, la nomade n’avait pas hésité. Rassemblant ses provisions et sa sagaie, elle s’était enfoncée dans le désert. De quel choix disposait-elle? Si Qqova ne se lançait pas à ses trousses, la créature s’évaporerait dans la nature à jamais avec quelque chose qui lui appartenait. Une partie d’elle se dissiperait d’ici la tombée de la nuit. Quand Qqova s’était éveillée, elle avait immédiatement compris que quelque chose lui manquait. Un pan entier de son être lui était inaccessible, verrouillé ou absent, vidé de sa substance.
Un crissement la fit sursauter. À nouveau, comme lorsque l’Enlikiel était passé à l’attaque, Qqova eut une impression de flottement entre ses perceptions et la réalité, comme si on découpait les images qui lui parvenaient et qu’on en soustrayait un certain nombre. La jeune femme tendit l’oreille. Le gémissement métallique se poursuivit, dispersant dans son dos une onde glaciale. L’Enlikiel agitait ses griffes contre les parois du puits. La chute, évidemment, ne l’avait pas terrassé.
Qqova se déplia et bondit sur le sol. Avec frénésie, elle fouilla le sable et le remua jusqu’à ce que les souvenirs remontent à la surface, se frayant un chemin à travers son esprit englué comme de petites bulles de conscience. La moitié de sa sagaie traînait par terre. L’autre extrémité, la pointe de sa lance, gisait au fond du puits avec la créature. Elle ne disposait de rien pour l’achever.
Le soleil déclinait à l’horizon et embrasserait bientôt les dunes au loin. Et un lambeau de son âme s’estomperait avec les dernières lueurs du jour. L’Enlikiel tirait une partie de sa puissance des étoiles auxquelles il s’abreuvait. En échange, la chose nourrirait les astres avec ce qu’elle lui avait dérobé le matin.
Le grincement qui remontait depuis la profondeur du puits se fit plus sourd. L’Enlikiel plantait ses griffes dans les interstices entre les pierres et se hissait. Bientôt, il aurait escaladé sa prison. Les yeux de Qqova s’écarquillèrent. Elle éprouva l’envie pressante de prendre ses jambes à son cou et de fuir cet endroit. Elle souhaitait se soustraire à cette vision, éviter de plonger le regard sur cette chose. Quand elle l’avait aperçue, plus tôt, déroulant son horrible silhouette noire contre le paysage de sable elle avait voulu fondre sur place. Comment se mesurer à une telle créature? Et dire qu’elle était à son état le plus vulnérable sous l’astre du jour.
Désespérée, la nomade récupéra la moitié de sa sagaie. Ainsi rompue, la lance ne pourrait être projetée. Si Qqova comptait s’en servir, il lui faudrait l’enfoncer dans les entrailles sombres, appuyer de tout son corps et perforer la forme élancée et cruelle de l’Enlikiel.
Le cœur de Qqova tonnait sous sa poitrine. Sa cage thoracique, tout à coup, semblait trop petite pour contenir ses battements. Elle se sentait étouffer et, malgré ses artères qui poussaient son sang dans ses veines, l’air lui manquait au cerveau. Ses neurones pétillèrent à mesure qu’elle percevait l’ascension de l’Enlikiel. Avec prudence, la nomade posa une main sur le rebord du puits, se cambra contre la vieille pierre usée et arqua son bras armé. Une nouvelle fois, ses perceptions se saccadèrent, engluées par la proximité du monstre. Il grouillait tout prêt.
D’un bond, Qqova se jeta par-dessus la saillie et… … embrassa du regard son propre visage, vidé de ses couleurs, inversé, comme s’il s’agissait plutôt de l’empreinte de ses traits. Ses longs cheveux s’étiraient jusqu’à disparaître en filigrane sur une surface miroitante derrière elle, transpercée de l’éclat d’étoiles diaphanes. Son bras, difforme et noueux, brandissait la moitié d’une sagaie. Des yeux comme deux profonds tunnels l’attiraient au fond d’un abysse dénué de lueurs…
Qqova se sentit s’envoler et chuter en même temps. .
texte 3 : Nos'Ignat - Spoiler:
Enfin une piste. Des fleurs sanglantes signaient un sol qui pendant plusieurs jours était resté désespérément blanc, égayé par les arbres rabougris de la taïga, guère plus que des griffes grises sur-dimensionnées qui déchiraient le manteau de neige. Et un chaume d'herbes flétries auquel elle devait prendre garde : le froid vous les aiguisait comme des poignards. Elle avait certes pour habitude de progresser pieds nus à la chasse, pour faire le moins de bruit possible, la traque solitaire l'avait éreintée et par mégarde elle s'écorchait les pieds à force d'errer à la recherche de sa proie légendaire. Elle repensait à ce qu'on lui avait dit d'elle, mobilisant ses forces pour surmonter l'engourdissement, suivant la piste de ses doigts. La bête menaçait son village, le plus septentrional de toute la Scanie, à chaque nouvelle génération, accompagnée d'un hiver effroyable. Toutes les deux ou trois décennies, le chasseur le plus prometteur se voyait investi de la mission sacrée de traquer et d'abattre sa nouvelle incarnation. Pour la première fois depuis la nuit des temps, une chasseresse avait été élue. ELLE portait la dague cérémonielle enchantée par le conjurateur de sa communauté, non le fils de ce dernier qui pourtant était pressenti comme le favori. Pas le choix, elle devait maintenant relever le défi et mériter cet honneur. Elle affermit sa prise sur sa lance, galvanisée à l'idée d'enfin rencontrer ce démon des glaces dont parlaient tant les anciennes et qui hantait les nuits des enfants La peur se frayait sournoisement un chemin dans ses entrailles, mais elle la dissipa en se répétant mécaniquement : "Blesser au pieu. Tuer avec la relique."
Elle parvint à une vaste clairière où un rai lumineux faisait perler des flocons comme des billes de feu, flocons qui tombaient avec une lenteur sereine, prenant soin de briller avant de toucher le sol. Un instant elle oublia la raison de sa venue tant le spectacle tranchait avec celui des jours passés. Elle voyait une silhouette aveuglante qui se détachait au centre, immobile, sous laquelle s'arrêtait la piste ensanglantée. Les nuages cachèrent le soleil, découvrant un loup d'une taille impressionnante à la fourrure plus immaculée que la robe blanche qui couvrait le sol. Il était juché sur un tigre arctique, une bête plus énorme encore aux dents monstrueuses, qui gisait à terre, exsangue et recouvert d'une pellicule de givre, sans marque de dévoration. Par superstition elle toucha l'artefact attaché à son cou à l'aide d'un collier puis saisit sa hampe à deux mains, arquant ses jambes pour approcher prudemment son adversaire. Le loup la considérait de ses deux yeux pâles avec une espèce de... d'amusement très dérangeant, immobile. Il ouvrit la gueule et s'adressa à elle d'une voix fragile, lasse, éthérée, comme s'il n'était guère qu'un souvenir, une réminiscence, une âme-en-peine.
-"C'est la première fois qu'une femme se présente à moi, ton clan est tombé bien bas."
Pétrifiée un instant de surprise, son sang bouillonna à cette provocation, des années d'humiliations et de mépris masculins lui rejaillissant à la face. Je vais te faire ravaler tes sarcasmes et te renvoyer dans l'enfer glacé qui est le tien pensa-t-elle. Son souffle s'accéléra et heurta les mailles de tissu qui lui protégeaient la bouche. Elle se lança à l'attaque avec rage, oublieuse de la fatigue des derniers jours, de ses pieds brûlés par le froid, de la peur qu'exerçait sur elle la légende à laquelle elle se confrontait. Cependant, avec une agilité gracieuse véritablement extraordinaire pour sa taille, le prédateur bondit pour se mettre hors de portée, ses pattes s'enfonçant à peine dans le sol. L'élue glissa sur les membres couverts de givre du cadavre, mais se rétablit derechef. On la craignait pour savoir expertement circonscrire son ennemi dans une avalanche de coups, lui barrant le passage sur les côtés et se préparant à l'empaler si jamais il faisait l'erreur d'avancer. Ce qu'une puissante bête agacée ferait nécessairement. Mais le loup se contenta de la considérer d'un regard mi-amusé, mi-désapprobateur en reculant avec une fluidité alarmante, sans jamais se retrouver acculé contre un arbre, à croire qu'il avait des yeux derrière la tête. Elle comprit que la séquence de ses estocs était éventée. Espérant surprendre, elle exécuta une volte extrêmement vive et darda son arme vers la créature, ne la rattrapant qu'au dernier moment. La botte augmenta son allonge et faillit, faillit embrocher cette gueule aux babines retroussées comme un sourire sardonique. La chasseresse prit conscience qu'elle ne l'atteindrait jamais, que l'intelligence de la bête était par trop humaine pour qu'elle puisse la prendre en défaut. Elle recula de quelques pas alors que l'autre s'était crânement mis au pied, puis projeta en un geste fulgurant sa lance. L'arme se planta avec un bruit mat dans un arbre mort et elle distingua à peine un éclair blanc qui fit un bond de côté avant de fondre sur elle, la faisant chuter en arrière puis l'immobilisant sous lui, sans pour autant l'écraser. Mais elle avait prévu ce dénouement, elle était l'élue. Peu importe les séquelles que lui laisseraient l'affrontement, peu importe même si elle devait mourir pour cela. Elle arracha d'un coup sec la dague cérémonielle et les deux mains jointes enfonça la lame dans le poitrail du loup. Le prédateur s'appuya plus lourdement sur elle, broyant cette fois ses épaules sous ses pattes,ses clavicules gémissant de douleur, mais sa tête pendit en avant et la femme sentit poindre en elle l'exultation de la victoire. Poindre. D'un geste brusque le loup arracha l'arme à l'aide de ses dents, tandis qu'une sorte de glace comblait sa plaie. Il émit un bruit étrange qui fit trembler son corps et qui, plutôt que de la souffrance, s'apparentait à un... un rire. Alors la chasseresse sentit la terreur qui rôdait dans le fond de son esprit lui engloutir l'esprit.
« Pauvre idiote, JE demeure depuis sept siècles invaincu. Tes yeux me disent que tu n'en crois rien, que je suis régulièrement abattu par un champion de ta race. Sache que le sorcier t'a dupée, comme il dupe à chaque génération les orgueilleux suffisamment stupides pour se croire élus et incapables de mourir. Même s'il disposait d'une magie assez puissante pour me tuer, il n'en ferait rien. Car ce sont mes hivers qui chassent l'étranger, mes crocs qui déchiquettent les prédateurs qui épuisent votre rare gibier. L'élu de ton clan, depuis sept siècles, c'est moi.»
Effroi, tristesse, rancœur, colère, désespoir et panique, un nombre incalculable d'émotions lui vrillèrent le crâne avec une insupportable intensité. Malgré elle, des pleurs s'échappèrent de ses yeux. Ouvrant sa mâchoire, un abîme noirâtre dénué de langue, il exhala un froid surnaturel qui cristallisa ses larmes et engourdit son cerveau. Ce fut à peine si elle entendit les derniers mots que lui adressait Nos'Ignat, la gueule des ténèbres.
- « Quant à toi, tu es mon sacrifice. »
Texte 4 : Ô ATALANTE - Spoiler:
Sur la place d’un petit village, animé d’un marché où de nombreuses échoppes étalaient leurs marchandises. Un curieux saltimbanque déambulait joyeusement en sautillant et en frappant des mains. Il s’arrêta devant une petite estrade où attendaient une poignée de villageois. Pour attiser leur intérêt, son corps effectua naturellement un salto avant, une roue puis un deuxième salto arrière atterrissant sur la scène, les bras en y. Derrière lui se dressait un mur sur lequel une lance était accrochée. Il tourna sur lui-même et détacha l’arme, alors sa voix forte et enjouée presque musicale se rependit à travers la place. « Ô compagnon ! Laissez votre attention être détournée quelques instants par cet humble saltimbanque que je suis, vivant uniquement dans le but de conter de par le monde. Laissez-moi, chers hôtes ! Vous narrez l’épopée d’une chasseresse hors du commun. D’une âme si brave, créatrice d’une légende éternelle. Permettez-moi donc cet éloge adressé à une héroïne élevée au rang de déesse. » Le saltimbanque effectua une roue et claque des doigts. Derrière lui l’image d’une femme, tenant dans sa main droite une lance ensanglantée pointant légèrement en diagonale, se matérialisa sur le mur. Sa bouche était masquée par un tissu ressemblant à un bandana, dont les ficelles de laine verte qui le composaient constituaient le seul matériau utilisé pour l’ensemble de sa tenue. « Voici Atalante ! Cette créature aux formes divine se tenant fièrement devant vous est celle à qui nous devons notre salut. Devenu pendant cette période de chaos celle qui nous arracha à la destinée devenue notre, depuis des temps immémoriaux. La traque entreprise contre l’effroyable Lycaon dura huit cents jours cher spectateur. Oui ! Huit cents jours ! Où elle marcha, marcha, marchaaa, dans d’innombrables contrées au rythme de multiples saisons. La boue, la neige, les ronces, le gravier, le sable furent foulés de ses innombrables pas. Sa marche cessa comme vos yeux peuvent le voir à Aokigahara la forêt maudite ! Non très cher ! Vos yeux ne vous trompent point, ce lieu où la mort attend chaque homme osant si aventurer fut bel et bien le théâtre de notre rédemption. Voyez, cher spectateur ! » L’image sur le mur s’étira d’abord sur la droite, dévoilant une forêt dévastée de toute faune, où les arbres et l’herbe qui agonisaient n’attendant qu’une seule chose, la mort. Puis l’image s’étendit sur la gauche, à la vue d’un horrible loup-garou au poil court noirâtre se tenant debout sur ses deux pattes arrière la gueule ensanglantée, les villageois prirent peur. Le saltimbanque apprécia l’effet de surprise dont il était l’instigateur. Sa main droite effectua alors un signe d’apaisement pendant que l’autre faisait tourner la lance à toute vitesse. « Ô compagnon ! Ne vous laissez point surprendre par la bête et écoutez le déroulement de cette chasse ô combien fabuleuse qui provoqua le glas du malin. » Il se tut quelques instants, afin de laisser monter un peu plus la tension déjà présente dans l’air, scrutant avec insistance le public. « Alors à l’aube du huit centième jour, la bête prit la fuite, car Atalante, après avoir combattu farouchement toute la nuit, empala le malin en son ventre. Mais celui-ci, contrôler par une frénésie démoniaque, en réponse, contracta sa patte gauche et assena un puissant coup, ces griffes acérées lacérèrent alors la main gauche de la chasseresse et lui sectionnèrent le pouce. Possédait par cette effroyable douleur, Atalante sauta en arrière permettant ainsi, contre sa volonté, à la créature de prendre la fuite. Cependant très cher spectateur ! Atalante ne se laissa point décontenancer. Au nonnnn ! Prestement, elle repartit farouchement à la poursuite de Lycaon qui ô rage ô désespoir ! Sut semer notre déesse à travers la maudite forêt. Cela fut sans compter les incroyables capacités de cette chasseuse qui, avec tous ses sens aux aguets, pista sa proie en suivant les giclées de sang semé lors de sa fuite. Ce fut donc au cours d’une journée sombre, où le soleil caché par un unique nuage aux limites insaisissables, qu’Atalante accula l’immonde Lycaon au plus profond de la forêt. L’ignominie se sachant piégée se dissimula alors derrière d’épaisses et hautes ronces, attendant l’instant fatidique pour attaquer. Une fois le moment arrivé, il bondit avec une virulence enragée, sur sa prédatrice. Atalante, prise alors à revers, sentit la bête fondre sur elle. Instinctivement sa lance se planta profondément dans le sol ses bras se bombèrent ses jambes se contractèrent. Au dernier moment, elle sauta vers l’avant et décocha un coup pied arrière dans le ventre du malin, qui laissez-moi vous le rappeler cher spectateur, fut empalé quelques heures plus tôt. Un cri de douleur inhumain à glacer le sang se propagea bien au-delà de la forêt et fit gicler de la bave sur le visage de la chasseresse. Cette dernière toujours en appui sur la lance, sentant alors son pied gauche attraper par Lycaon, profita de l’appui qu’il lui offrait, pour de sa jambe droite, décocher un coup de la pointe du pied dans la gueule de la bête qui recula sous l’impact. Atalante se réceptionna alors sur ses jambes, arracha la lance du sol et l’enfonça violemment dans la gorge du malin. Elle perçut pendant cette fraction de seconde le regard perdu d’une bête folle et haineuse sentant son sort scellé. Le loup tomba à la renverse l’arme toujours plantée dans le cou. La chasseresse, se dressant là, droite et fière au-dessus du corps de sa proie fraichement éteinte. Mais contre toute attente, elle chancela, toussa, cracha et tomba raide sur le cadavre du démon. Car oui ! Ô, cher compagnon ! Cette noble âme était pleinement consciente du destin auquel elle s’offrait, en pénétrant dans la maudite forêt. C’est donc ! De sa vie ! Que notre bienfaitrice obtint notre salut ! Cependant ! Dame nature, indignée de ce funeste destin, décida de propager par les murmures du vent la légende de cette femme hors du commun. Ô compagnon ! N’oublions donc pas, sur qu’elle sacrifice héroïque, repose notre sérénité et comment elle sut terrasser le malin et ainsi sauver notre village de cet immonde fléau. » Le saltimbanque effectua une énième roulade, sauta de l’estrade se réceptionna gracieusement sur le sol, puis tout en tirant sa révérence, enleva son chapeau et salua son public.
Texte 5 : traque humaine - Spoiler:
Le temps est maussade, triste. Tout est desséché, sans vie. Devant cette absence de beauté et de présence, elle marche, munie de sa lance. Elle n'y croit plus. Sa démarche se veut assurée, mais elle ne l'est pas vraiment. Slëllana n'a pas cette faculté qu'ont les autres femmes d'être toujours droite et digne. Pourtant, elle est la fille du chef de la tribu. Devrait-elle de par ses liens de sang avoir plus fière allure alors que rien ne va plus parmi les siens ? Perdue dans ses pensées, elle ne voit pas tout de suite les taches de sang qui maculent la terre. Et alors qu'elle tente de resserrer le bandage à son poignet pour stopper l'hémorragie de sa propre blessure, un son l'a fait sursauter.
Il est là quelque part, attendant calmement qu'elle lui tourne le dos, pour mieux bondir et lui ôter la vie. Mais, après tout, qui est-elle pour lui retirer ce droit ? N'est-ce pas ce qu'elle-même tente de faire pour le bien de son peuple ? Lorsque la maladie a frappé le camp, les enfants n'ont pas survécu. Leurs corps se sont amaigris tout en prenant cette étrange couleur grise, synonyme de fin proche. Bon nombre de ses compagnes ont pleuré la perte de leur enfant, tandis qu'elle observait la maladie qui rongeait les siens. Son propre père, souffrant, ne peut guère plus se lever de son lit de misère. Le chaman de la tribu est formel : il faut chasser, nourrir les malades pour leur permettre de faire face au virus.
Tout repose sur ses épaules. Elle est seule à pouvoir se maintenir encore sur ses deux jambes. Seule à pouvoir brandir une lance et à se déplacer plus ou moins vite. Elle cherche des yeux sa proie. Le sang lui prouve qu'elle l'a touché la première fois, mais elle n'a pas pu voir à quel endroit de son anatomie. C'est d'ailleurs le moment qu'elle apprécie le moins. Celui de la terrible traque. Le moment où elle tuera pour survivre et sauver son peuple, lui qui n'existe déjà presque plus. Son père lui a demandé ce sacrifice et elle le lui offrira. Son cœur est mort de toute façon. À quoi bon lutter ? Les laisser tous mourir, elle avec ? Non, il reste un espoir, autant le saisir.
Elle remonte le tissu sur sa mâchoire, s'empêchant de respirer l'air infect de ce lieu morbide. Même les arbres-alentours sont morts, atteints sans doute par ce mal étrange qui sévit en ces lieux depuis la nuit des temps. Le savaient-ils ? Non. Ils n'ont cherché qu'un endroit où vivre en liberté et selon les croyances qu'ils voulaient. Ils sont atypiques, certes, mais humains eux aussi. Slëllana poursuit son chemin, en silence, perdue dans ses songes. Là ! La végétation a frémi un instant, sa proie doit s'y cacher. Avec prestance, elle s'en approche, la lance levée. D'un geste vif, elle enfonce le bout de son arme dans les buissons, tentant d'embrocher sa victime. Cela lui résiste, gémit, repousse le morceau de bois, pour ensuite cesser toute lutte inutile. La jeune femme retire sa lance, la pose au sol, à ses pieds. Elle écarte les buissons et découvre un morceau de tissu ensanglanté. Pas de corps. Rien. Une fois de plus, elle a échoué.
Blessée dans son orgueil d'avoir failli à une tâche si facile, elle s'assoit sur le sol, fatiguée. La tête lui tourne. A-t-elle contracté ce virus troublant qui agit au plus profond de soi ? Lentement, elle sent ses paupières s'alourdir. Une dernière étincelle de vie et d'espoir la réveille. Elle doit terminer la chasse. Sauver sa tribu. Faire un sacrifice.
L'envie de montrer aux autres à quel point elle est courageuse et fière l'emporte sur ses bons sentiments. Elle reprend son arme et suit les traces au sol.
Une petite tanière, de la taille d'un coyote. Cela fera l'affaire. Sa proie est là. Elle en est certaine. Silencieusement, elle contourne l'abri et se positionne au dessus de lui, idéal pour intercepter tout ce qui en sortira. Il ne lui reste plus qu'à attendre. Attendre le moment propice.
Le soleil est déjà bien descendu. D'ici peu, il fera nuit noire, mais Slëllana s'en moque. Elle ne craint pas l'obscurité. Elle est vaillante et implacable. Elle deviendra la future chef de sa tribu lorsqu'elle leur amènera le remède qui se cache sous elle.
Un mouvement furtif retient son attention. Ça bouge en dessous. Elle se prépare. La lance est brandie, prête à embrocher tout ce qui sortira de la tanière.
Et cela décide de sortir. La jeune femme n'attend plus, elle veut du résultat. Et lorsqu'elle entend un gémissement et le bruit de la lance perforant le crâne de sa victime, elle soupire et se sent soulagée.
Elle redescend et s'empare du petit corps de l'enfant, aux portes de la mort. Le petit garçon la regarde, les yeux presque vides. Slëllana se refuse à céder. Elle préfère fixer un point au loin.
Ce n'est que lorsqu'il lui souffle un mot avant de mourir qu'elle sent les larmes couler sur ses joues. Un seul mot. Unique. Destructeur.
« Maman... »
texte 6 : Chasse à l’homme - Spoiler:
- Avric, couche-toi ! intimais-je Je tirai sur le poignet de mon frère avec insistance pour l’enjoindre à s’allonger à mes côtés dans les hautes herbes. Je guettais le moindre bruit, osant à peine respirer. Avric, lui, fermait les yeux, chose qu'il faisait à chaque fois qu'il voulait se rendre invisible aux yeux des autres. Alors que les voix approchaient, je sentais tous mes muscles se tendre. J’étais lasse des ces deux jours de fuite. La colère et le sentiment d’injustice me donnaient de plus en plus envie de les affronter. Mais je savais qu’il valait mieux attendre d’avoir rejoint la forêt, pour mettre Avric en sécurité. Mon frère avait beau avoir deux ans de plus que moi avec ses 19 ans, il n'en restait pas moins un enfant qui requérait une attention permanente. Ma mère disait que, dans son handicap il avait au moins la chance de garder une âme insouciante d'enfant. Il était toujours heureux. Aussi, je n'avais pas encore eu le courage de lui dire que, contrairement à ce qu'il croyait, nous ne faisions pas une partie de cache-cache avec les chasseurs du village, mais qu'à l'heure actuelle nous luttions pour notre survie en essayant de leur échapper. D'ailleurs, à quoi bon lui expliquer, il n'aurait jamais compris qu'on veuille nous faire du mal à cause de son handicap. Depuis la mort de maman, tous les prétextes étaient bons pour tenter de nous chasser du village, alors dès que j'avais frappé le fil du chef qui avait molesté mon frère, ils n'avaient pas attendu pour nous bannir et nous lancer les chasseurs aux trousses afin d’être sûr que nous ne serions pas tentés de revenir au village. Les chasseurs avaient pour ordre de nous pousser loin de la région et surtout de nous empêcher de faire demi-tour. Mais je sentais bien qu'en ce qui nous concernait, mon frère et moi, ils prenaient leur fonction bien trop à cœur, et nous considéraient comme du gibier de prédilection. Ce qu'ils voulaient, ce n'était pas nous voir fuir le plus loin possible, c'était nous voir mort. En général, ils réservaient ce châtiment aux criminels, mais pour nous, ils feraient bien une exception. Les voix s’éloignèrent vers la rivière, sans doute les chasseurs avaient-ils suivi la fausse piste des branches cassées qui pouvaient leur laisser penser que nous voulions rejoindre les montagnes en longeant le cours d’eau. Après une quinzaine de minutes d’immobilité, je tournais légèrement la tête vers mon frère et constatais avec plaisir qu’un sourire illuminé son visage alors qu’il avait ouvert les yeux. Il m’adressa un sourire et me demanda : - Ca y est Keina, la partie est finie ? - Pas encore Avric, il faut se cacher quelques heures de plus pour gagner. Suis-moi et essai de faire le moins de bruit possible d’accord ? Avric hocha la tête et pris ma main se laissant ainsi guider. Camouflés dans les hautes herbes, nous avancions rapidement vers la forêt. Plus qu'une centaine de mettre et nous pourrions être à l'abri. J'étais tellement contente de sortir enfin des plaines que je ne pu m'empêcher de me redresser complètement et de me mettre à courir, tirant Avric derrière moi. Il se mit à rire, imaginant sans doute que la partie de cache-cache touchait à sa fin. - Il ne nous trouverons jamais dans cette cachette Kaina, nous allons gagner ! Alors que je m'apprêtais à lui répondre de se taire et d'avancer plus vite, je sentis qu'il tirait sur mon bras. Me retournant pour lui faire face, je vis une flèche qui lui transperçait la poitrine, laissant échapper un filet de sang, alors qu'un second coulait de sa bouche. J'eus tout juste le temps de l'attraper dans mes bras quand je vis le chasseur se redresser à quelques dizaines de mètres et armer une autre flèche. Je commençais à tirer mon frère pour le mettre à l'abri des arbres. Mais un second projectile vint se loger à quelques centimètres du premier. J'eus alors l’affreuse impression que le corps de mon frère me servait de bouclier et cela ne fit qu'accroître ma colère. Je redoublai d’efforts et parvins à déposer Avric derrière un arbre à l'orée de la forêt. Il planta son regard dans le mien et murmura : - Je crois que j'ai perdu Kaina, mais toi tu peux encore trouver une bonne cachette. Je sentais ses forces l'abandonner, mais je ne pourrais pas le sauver si je restais là à attendre que le chasseur me tue. Je me saisis d'une grosse pierre et grimpai à l'arbre au dessus d'Avric. Le feuillage m’offrait une protection provisoire alors que le chasseur approchait armé cette fois d’une longue lance. J'attendis qu'il soit à quelques pas d’Avric et qu’il se penche pour toucher son cou en prenant appui sur sa lance, et je me laissais tomber sur son dos. Il s’affala à plat ventre aux pieds de mon frère. Je me retrouvai à califourchon sur ses reins mais ce dernier, une fois la surprise de mon attaque passée, lâcha son arme pour me désarçonner. Je savais que mon poids ne suffirait pas à le maintenir au sol. Armée de mon caillou et de ma rage, je me mis à frapper sa tête de toutes mes forces. Je n'arrivais pas à m'arrêter, mes mains étaient poisseuses de sang, la pierre avait glissé de mes doigts, mais je continuais à le frapper de mes poings pendants un moment. A bout de souffle, je me laissai choir à côté du corps inerte du chasseur. Après un court instant, je tournai la tête vers Avric, dont le buste avait basculé sur le côté, ne laissant aucun doute sur son trépas. Des larmes se mirent à rouler sur mes joues, et je sentis un cri de rage monter en moi que je ravalai. Ils avaient eu mon frère, mais ils ne m’auraient pas, pas avant d’avoir assouvi ma vengeance. Je m'approchai du corps d'Avric que j'étendis sur le sol et le recouvris de feuilles après avoir déposé un baiser sur son front. Je n'avais pas le temps de l'enterrer. J'avais des chasseurs à chasser. Mon cœur emplit de tristesse et de rage, couverte du sang de l’ennemi et armée de la lance du chasseur, je pris le chemin inverse vers le village. En tuant mon frère, les chasseurs avaient fait de moi, leur gibier, une vraie bête assoiffée de vengeance qui ne trouverait le repos qu’après avoir tué tous ceux qui avaient condamné Avric. A cet instant, les chasseurs devenaient à leur tour des proies, mes proies.
Dernière édition par Louve le Lun 29 Oct - 17:19, édité 2 fois | |
| | | chris62150 psychopathe
Messages : 557 Points : 597 Date d'inscription : 21/02/2012 Age : 46 Localisation : 62
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 0:50 | |
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| | | Tyrork Deffbringa lycan
Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 1:01 | |
| Il fallait argumenter et donner le titre du texte EDIT : Euhm... Loin de moi l'idée qu'il y aurait pu y avoir une quelconque magouille d'un côté comme de l'autre mais... Il ne t'a fallu que huit minutes pour lire tous les textes et voter ? | |
| | | chris62150 psychopathe
Messages : 557 Points : 597 Date d'inscription : 21/02/2012 Age : 46 Localisation : 62
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 1:05 | |
| - Tyrork Deffbringa a écrit:
- Il fallait argumenter et donner le titre du texte
oups bon alors j'ai choisi le texte 6 : chasse à l'homme. pourquoi ? bien sur tout les textes, excusez moi les autres, c'est le seul qui m'a captivé des les premieres lignes, donc forcement, j'ai cette fois été au bout. Et la chute de l'histoire m'a un peu émue. c'est bon là tyrork ? z'ai juste? | |
| | | Tyrork Deffbringa lycan
Messages : 1236 Points : 866 Date d'inscription : 20/01/2012
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 1:07 | |
| Ah oui... Triste pour nous donc, on ne vaut pas la peine d'être lu. | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 1:38 | |
| J'ai voté pour le texte n°2: Qqova. Le style est addictif, maitrisé. l'intrigue nous tient en haleine. La chute est là, dure, mortelle, bien pensé !
tous les textes sont bons ceci dit et cela fut dur de trancher! Ils sont tellement différents !
| |
| | | Patrice Cazeault Nouveau
Messages : 53 Points : 47 Date d'inscription : 18/05/2012 Age : 38 Localisation : Québec
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 3:11 | |
| Six textes très différents l'un de l'autre, en effet! Une belle brochette.
En ce qui me concerne, j'ai voté pour...
1- L'Eljana
Un «scénario» simple (ouf, en deux pages, ça ne laisse pas beaucoup de latitudes!), certes, mais surtout, un prétexte pour nous présenter un impressionnant tableau. Les descriptions m'ont soufflé. Chaque paragraphe, chaque mouvement de l'héroïne sert à illustrer un morceau de son apparence, pour nous livrer des détails sur l'univers qui entoure le personnage. C'est fluide, c'est rythmé et c'est très bien foutu.
Certaines formulations m'ont arraché un «wow» bien senti. Je pense à «Monarque de la péninsule», je pense à la description de la fameuse bête...
Oh, et les tiges piétinées et dégoulinades qui pointent vers la créature... très habile.
***
Bon, pour le plaisir, je vais également livrer un court commentaire sur chacun des autres textes (y compris le mien, pour ne pas me dévoiler).
2-Qqova: Ambiance intéressante. Sonorité intrigante en ce qui concerne le personnage qu'on suit. Qqova, j'aime bien! Paragraphes aérés, qui servent la narration. Concrètement, il ne se passe pas grand chose. On assiste à la fin de l'affrontement. Je reste ambigu.
3-Nos'Ignat: L'histoire la plus «complexe» du lot. J'aurais aimé que le passage où le personnage (et le lecteur!) découvre la bête soit un tantinet plus travaillé. C'est amené un peu sans tension. Excepté cette répétition facilement évitable «la terreur qui rôdait dans le fond de son esprit lui engloutir l'esprit.», le texte est bien construit.
4-Ô Atalante Traitement original, complètement différent de ce que les autres ont fait. En temps normal, je suis toujours réticent face à cette formule «racontée». J'ai toujours l'impression que ça crée un filtre entre l'action et le lecteur. La forme, cependant, est maîtrisée et confère une personnalité au texte.
5-traque humaine J'aimais beaucoup l'idée de l'épidémie et de la chasseuse qui doit ramener du gibier pour soutenir son peuple malade. La première partie est très intéressante. Toutefois, le texte s'éparpille tout à coup. Une quête soudaine pour un remède apparaît de nulle part. Alors qu'on parle de sustenter la tribu, sans transition, la tanière d'un coyote recèle maintenant le remède pour guérir son clan. La chute, gratuite, ne m'a pas plu non plus. Dommage, car l'habileté littéraire y est. Le thème a simplement pris une direction que ce lecteur-ci aime moins.
6-Chasse à l'homme Le seul texte qui compte réellement plus d'un personnage! L'histoire cherche à jouer sur nos sentiments, à susciter un attachement de la part du lecteur. À mon avis, c'est réussi. Ça rend la finale puissante. D'ailleurs, j'adore ce chamboulement final, cette inversion, cette rage qui envahit l'héroïne et qui renverse l'équilibre, qui renoue avec le thème de la chasse.
Bref... à quand le prochain challenge? :)
| |
| | | Froggy80 lycan
Messages : 1275 Points : 1321 Date d'inscription : 06/05/2012 Age : 44 Localisation : Dans les nuages dans la région de Québec City ...
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 6:04 | |
| je sais pas pourquoi, mais je suis pas capable de lire les spoilers... Il se passe rien !!! | |
| | | chris62150 psychopathe
Messages : 557 Points : 597 Date d'inscription : 21/02/2012 Age : 46 Localisation : 62
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 11:34 | |
| - Tyrork Deffbringa a écrit:
- Ah oui... Triste pour nous donc, on ne vaut pas la peine d'être lu.
Je n'ai pas dit que je les avais pas relu par la suite | |
| | | kalishiva Dangereux personnage
Messages : 405 Points : 414 Date d'inscription : 28/04/2012 Age : 39
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 12:49 | |
| Moi c’est Nos Ignat facile à lire, colle bien au thème, une bonne chute (comment envoyé quelqu un à l’abattoir de son plein gré en flattant son égo j’aime beaucoup.) Sinon je trouve cela surprenant tout ce qui a été fait les idées les angles les styles. J’espère que l on continuera à confronter nos styles et nos imaginations je trouve cela très intéressant et surtout très enrichissant.
| |
| | | Tears Momie millénaire
Messages : 4468 Points : 3300 Date d'inscription : 17/01/2009 Localisation : In my World - Lost in the dark
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 13:00 | |
| Au fur et à mesure de mes lectures je me suis dit je vais voter pour celui là, ah non celui-ci puis finalement...
3. texte 3 : Nos'Ignat m'avait plu pour le charisme du loup et la belle désillusion même si je pense qu'il manquait quelques explications supplémentaires pour tout comprendre
Texte 5 : traque humaine : que j'ai lu en premier m'avait touchée par sa fin et captivée par son histoire
Mais j'ai fini par lire le texte 6 : Chasse à l’homme : et j'ai été foudroyée par l'humanité de ce texte, et le fait que ça changeait un peu des autres, sans vouloir vexer personne, j'ai trouvé que c'était un peu toujours la même histoire remixée à chaque fois même si la qualité du style et les idées étaient pas mal du tout... Lire ce dernier texte m'a redonné du souffle et me l'a aussi coupé.
Donc j'ai voté pour le 6e texte.
Et j'ai encore vu des fautes dans les textes (j'ai pas noté donc je peux pas dire lesquels mais quand même...) | |
| | | kalishiva Dangereux personnage
Messages : 405 Points : 414 Date d'inscription : 28/04/2012 Age : 39
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 13:07 | |
| J ai une idée la prochaine fois avant de donner les textes on te demandera de les corriger juste avant. | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 13:15 | |
| lol oui j'ai vu quelques petites fautes, mais j'avoue avoir eu la flemme de les corriger.
On peut toujours faire une correction à la fin lorsque les votes seront clos pour les auteurs des textes ^^ | |
| | | Hellza succube des enfers
Messages : 3681 Points : 3808 Date d'inscription : 31/07/2012 Age : 44 Localisation : Les Terres Désolées
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 18:07 | |
| J'ai voté pour le Texte 2 : Qqova. J'ai de suite eu envie de "plus", je me suis sentie entraînée dans l'histoire. La première histoire m'a plu aussi, et la narration de la 4 est originale , mais c'est définitivement la 2 qui me plaît le plus. C'est difficile de faire un choix, de "juger", n'étant pas écrivain moi même, et encore moins critique littéraire... Je n'ai pas non plus la prétention de faire le bon choix, hein, je peux seulement dire ce que j'ai ressenti. et Qqova est celui que j'ai préféré, le style est dynamique , mordant, j'étais "dedans". | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Jeu 16 Aoû - 18:55 | |
| merci pour ton vote Hellza ^^ | |
| | | Tears Momie millénaire
Messages : 4468 Points : 3300 Date d'inscription : 17/01/2009 Localisation : In my World - Lost in the dark
| | | | Cordelia1 lycan
Messages : 877 Points : 816 Date d'inscription : 17/05/2012 Age : 50 Localisation : Liège
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Ven 17 Aoû - 18:10 | |
| J'ai un faible pour le texte 3 Nos'Ignat et le texte 6 Chasse à l'homme. Difficile de trancher pour l'un ou pour l'autre mais il faut bien faire un choix.
J'aime beaucoup aimé le style du texte 3, une lecture facile et agréable, une fin plus surprenante. Le texte 6 est très émouvant, une écriture agréable. Un texte plus humain et qui est très différent des autres.
Bon alors, puisqu'il faut faire un choix je vais dire le texte 6. | |
| | | pix serial killer
Messages : 1344 Points : 900 Date d'inscription : 05/02/2012 Localisation : ailleurs
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Mar 21 Aoû - 8:16 | |
| Tous les textes sont très sympas, mais comme il faut faire un choix, j'ai voté pour l'Eljana.J'ai vraiment vécu cette traque, les descriptions sont superbes, notamment celle de la bête. Et le final a fait fonctionné mon imagination. Et j'adore ça. En tout cas bravo à tous. Bon j'espère que cette fois mon post passera parce que ça fait trois fois que je l'écris... | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Mar 21 Aoû - 12:09 | |
| | |
| | | Keflux Proie
Messages : 70 Points : 76 Date d'inscription : 23/03/2012 Age : 36 Localisation : Rosny-sous-Bois (93110)
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Mar 21 Aoû - 15:09 | |
| Pour ma part j'ai voté pour le texte 6 car il nous laisse désireux d'en connaitre la suite Sinon j'ai bien aimé l'originalité du 4 avec le saltimbanque :) | |
| | | se1ena lycan
Messages : 1254 Points : 1360 Date d'inscription : 26/10/2011 Age : 36 Localisation : Québec
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Dim 26 Aoû - 16:19 | |
| J'ai voté pour chasse à l'homme. Il m'a tout de suite laissé un goût de "Je veux en lire plus" lolll | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Dim 26 Aoû - 16:41 | |
| merci pour vos votes! il reste 5 jours pour voter ^^ | |
| | | Lili.M psychopathe
Messages : 492 Points : 458 Date d'inscription : 16/06/2012 Age : 47 Localisation : Ile-De-France
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Mar 28 Aoû - 9:18 | |
| Au bout de 2 lectures je me suis enfin décidée , j'ai voté pour l'Eljana , j'ai été embarquée par les descriptions et n'ai eu aucun mal à me représenter la scène , je dois dire que j'ai beaucoup hésité avec Nos Ignat dont j'ai aimé la scène de combat et la chute , m'enfin puisqu'il fallait choisir ... Un grand bravo à tous , je prends vraiment plaisir à vous lire | |
| | | kalishiva Dangereux personnage
Messages : 405 Points : 414 Date d'inscription : 28/04/2012 Age : 39
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Sam 1 Sep - 15:26 | |
| Ba alors notre cher admin avec sa nuit de folie a oublié son challenge le vainqueur n'a même pas le droit à un lancé de confètis au cruel destin. En tous cas j'aimerais bien savoir qui à écrit les texte j'ai une petite idée sur le vainqueur quelqu'un voulant maintenir une illusion mais bon pour l'instant mystère....... En tout cas j' ai adoré y participer à quant le prochain! | |
| | | Louve Admin
Messages : 25714 Points : 35336 Date d'inscription : 15/01/2009 Age : 37 Localisation : dans une grotte
| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote Sam 1 Sep - 19:42 | |
| voici donc le résultat !
Le vainqueur est donc Chasse à l’homme ! Ecrit par notre amie Pix !
voici les résultats suivants : 2nd : L'Eljana écrit par Tyrork Deffbringa 3nd : Qqova par Patrice Cazeault 4ème : Nos'Ignat par Munkazel 5 ème : Ô ATALANTE et traque humaine par Kalishiva et louve
Bravo donc à vous tous et merci pour vos participations!
prochain défi sous peu!
Dernière édition par Louve le Dim 2 Sep - 0:38, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote | |
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| | | | Défi écriture N° 1 : la chasse : le vote | |
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