Je pense que ce n'est pas vraiment la bonne catégorie pour classer ce roman, mais bon ^^
Il pourrait justement se classer dans plusieurs catégories.
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Mon avis ->
Au Québec comme ailleurs, pendant plusieurs décennies, l'homosexualité a été un sujet tabou dont personne n'osait parler, sauf pour s'en moquer et la dénigrer. À l'époque où religion était très forte, on ressentait une haine vis-à-vis de ces hommes ayant une orientation sexuelle différente. C'est l'histoire d'hommes qui, entre les années 60 et 80, vivent pleinement leur homosexualité au rythme des décennies et de leur évolution culturelle. C'est le premier tome d'une saga qui s'avère être une grande histoire d'amour, d'érotisme, de découvertes et d'insécurité.
Tout d'abord, il me paraît utile de préciser la différence entre un roman érotique et un roman pornographique, car il y en a clairement une. La première catégorie dépeint une histoire d'amour et de sexualité, qui vont de pair dans ce contexte, tandis que la seconde ne montre que des scènes sexe qui n'ont ni sens ni âme. Ce n'est évidemment que ma vision et peut-être est-elle à parfaire. Je classe donc Manigances dans la première catégorie. C'est un roman à ne pas mettre entre toutes les mains, puisque plusieurs passages sont très explicites et pourraient être mal interprétés.
L'histoire en elle-même est assez prenante. Je me suis surprise à aimer suivre ces personnages et connaître leurs aventures (sans mauvais jeu de mots). C'est un roman qui illustre parfaitement la réalité de cette époque : la manière dont les parents vivent avec l'homosexualité de leurs enfants, la haine de la plupart des gens à leur égard, la honte que celle-ci engendre, la découverte et l'expérimentation de cette sexualité.
On plonge littéralement dans une culture en pleine formation, notamment dans le quartier gai à Montréal. Certains événements majeurs pour la culture homosexuelle, mais aussi pour le Québec, sont aussi cités, comme le Bill omnibus de Pierre Trudeau, ainsi que la découverte des maladies transmise sexuellement. L'histoire se déroule tout juste avant l'éclosion du virus du sida.
Le style d'écriture de Denis-Martin Chabot est très imagé et précis. Il se montre plus d'une fois cru et très explicite, comme je l'ai mentionné plus haut. Toutefois, il arrive à nous transporter d'une manière étonnante dans le monde de ses personnages, à travers leurs émotions et leur esprit. La narration est souvent confuse, à l'image des états d'âme de nos personnages. C'est un roman bouleversant et prenant qui traite de sujets que l'on n'aborde pas souvent dans la littérature. Il est aussi sombre et dérangeant. Tous ces éléments réunis en font un récit fort et intense. De plus, il y a eu un réel effort dans la reconstitution des événements, puisque nous passons de 1965 à 1984 en un clin d'œil. Nous suivons nos personnages lors de leur jeunesse, mais également plus tard dans leur vie, lorsqu’ils arrivent à l’âge adulte. On connaît leur passé et leur présent simultanément, et ainsi leur personnalité et leur caractère sont si bien construit qu'on arrive assez bien à les cerner.
En conclusion, je lirai très certainement les autres tomes de cette saga si l'occasion se présente. Denis-Martin Chabot est un auteur que je suivrai attentivement dans les années à venir. Un très grand merci au forum Le sanctuaire de la lecture et aux éditions Dédicaces pour ce partenariat.