[Jacques Saussey] Ne prononcez jamais leurs noms

Année d'édition : 2017
Edition : Editions du Toucan
Nombre de pages : 578
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :

« Le train roulait de plus en plus vite. Il passa sur un aiguillage qui le fit tanguer comme un navire pris dans les vagues d’un chenal agité par le vent. Les yeux écarquillés de Karine s’abaissèrent vers le plancher. Sous le siège 66, la poignée du sac avait basculé en pleine lumière. Elle s’accroupit et le tira vers elle, et ce fut soudain comme si elle avait pu voir au travers du tissu. Comme si cette forme oblongue qui le déformait lui avait murmuré quelques mots funestes à l’oreille. Elle eut juste le temps de prendre une profonde respiration pour pousser un hurlement. Et puis le monde s’éteignit dans un grand éclair blanc. » Ne prononcez jamais leurs noms est la sixième enquête du Capitaine Daniel Magne et du Lieutenant Lisa Heflin. Certainement la plus dangereuse…

« Ne prononcez jamais leurs noms » est le 6ème volet de la série Daniel Magne & Lisa Heslin de Jacques Saussey, publié aux Editions du Toucan. Nos deux personnages se retrouvent mêlés à un tueur en masse, à un coupable d’attentat…

Jacques Saussey nous plonge directement dans une ambiance au plus sombre… Le capitaine Magne est au fond du gouffre, déprimé et noyé dans l’alcool; Lisa est terrée, seule, loin du monde, a ressassé les précédents évènements; et enfin, nous nous retrouvons au côté d’une mère et de son fils qui ne sont pas encore conscients que ce jour est leur dernier.

Nous sommes rapidement embarqués dans une spirale infernale, tourbillonnant de personnages en personnages à travers de très courts chapitres (rarement plus de 5 pages). Cette méthode nous permet de rentrer dans une addiction totale, autant pour ne pas s’arrêter (allez encore un petit chapitre!) que pour découvrir comment évolue la situation de l’un et l’autre personnage.

Après avoir connu l’expérience de la mort imminente, Daniel Magne, durant une bonne partie du roman, est en huis-clos. Par conséquent, il se retrouve confronté à lui-même, nous pouvons alors assisté à ses pensées, à la force de son amour pour Lisa, à son intuition, à sa rage et à sa force.

Le tueur, quant à lui, m’a vraiment dérouté, dérangé… Nous sommes face à un fou furieux, un être dénoué de toute pitié. Il se livre à travers un « journal » sur l’iCloud, où il raconte son passé compliqué, son enfance bafouée par une famille salie et les évènements de la vie qui ont fait qu’il en arrive là, comme pour expliquer ses actes. Evidemment, rien ne peut justifier ce qu’il a fait ou ce qu’il a l’intention de faire; cependant l’auteur nous déstabilise considérablement en donnant une dimension humaine à cet être que l’on peut, a priori, prendre pour une bête sauvage.

Lisa Heslin sort de son terrier à l’annonce de la disparition de Daniel. Elle prend cette information comme une véritable claque, une véritable remise en question… Pour se protéger, suite à une énorme déception, cela vaut-il le coup de couper tout lien avec une personne que l’on aime? Au risque de la perdre à tout jamais… De plus, grâce à ce personnage, nous allons apprendre beaucoup de chose sur l’histoire du pays basque, notamment sur l’ETA. Elle reprend la place de cette Lisa telle que je l’aime, avec son fichu caractère et sa détermination que rien ni personne ne peut arrêter.

Le titre de ce roman prend toute sa signification, lorsque l’on découvre que cet assassin, bien renseigné et qui pensait avoir tout prévu pour accomplir le meurtre parfait (ou dirai-je plutôt les meurtres parfaits) veut que le monde entier se souvienne de son nom, que cet homme veut marquer l’Histoire et créer un avant et un après LUI.

Je peux donc dire que pour ma reprise, après 2 ans sans lecture, j’ai fait le bon choix, si ce n’est le meilleur. Jacques Saussey nous offre ici un roman complet, livrant émotions, réflexion, informations. Il nous rapporte forcément aux événements qui ont bouleversés notre pays et nous amène à réfléchir sur la manière dont on met en lumière ces hommes qui ont donné la mort… et si on ne prononçait jamais leurs noms?