[Mikhaïl Boulgakov] Le Maître et Marguerite

Année d'édition : 2012
Edition : Robert Laffont
Nombre de pages : 643
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Ecrit sous la terreur par un homme malade et désespéré, " Le Maître et Marguerite " a mis vingt-cinq ans pour s'imposer comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature russe et devenir un livre culte dont la construction diabolique n'a pas fini d'enchanter les lecteurs. Comment définir un mythe ? Les personnages de ce roman fantastique sont le diable, un écrivain suicidaire, un chat géant, Jésus et Ponce Pilate, la plus belle femme du monde... On y trouve des meurtres atroces et des crucifixions. C'est une satire acerbe, une comédie burlesque, une parodie politique, un poème philosophique dévastateur avec des fantômes et des transformations magiques.
Mais cette fantasmagorie baroque, ce film noir, cette vision d'apocalypse est aussi l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites.

Tout d'abord un mot sur l'auteur,
Mikhaïl Boulgakov est mort avant la parution de ce roman qu'il a mis 12 ans à écrire ( 1928 - 1940 ) paru dans sa version expurgée en 1941 ( 12% y est omis et une plus grande partie altérée ) puis paraît dans sa version intégrale en 1967. Il faut savoir que tout au long de sa vie l'auteur a vu ses œuvres ( pièces de théâtre et romans ) huées par la critiques, mais appréciées par le public.
Je ne vais pas rentrer dans les détails mais son succès fulgurant de ses débuts suivi d'une forme d'omerta sur ses œuvres et sa personne, l'auront rendu par la suite très "mélancolique" et très seul sur la fin de sa vie. S'il n'avait pas eu cette histoire d'amour avec une femme mariée, il n'aurait certainement pas écrit le chef d’œuvre qu'est ce roman.

Maintenant le roman à proprement parler, il se sépare en trois parties.

La première partie, où l'on va suivre le magicien noir Woland et sa suite. Koroviev, le mystérieux et bourru magicien, Behemoth, le chat "humain" et toujours à faire le pitre, Azzazelo, le "garde du corps" et Hella, sa femme de chambre. Dans cette première partie nous les suivrons dans Moscou où ils sont pour y exécuter un spectacle de magie noire au Théâtre des variétés de Moscou.

En parallèle dans la deuxième partie, l'histoire se passe à Jerusalem lors du jugement de Yeshoua Ha-Nozri par Ponce Pilate le procurateur. Ainsi que la rencontre de Mathhieu Levi ( disciple de Yeshoua ) avec Pilate et aussi l’assassinat de Judas de Carioth.

La troisième partie, certainement la plus importante, est celle où l'on suit la fameuse Marguerite qui va rencontrer Woland et sa suite.

Le fil conducteur du roman est l'histoire qui a lieu à Jerusalem. Elle débute lorsque Woland discute avec Berlioz ( directeur du club littéraire moscovite ) de philosophie théologique et ils finissent par parler des événements que le Maître dans l’œuvre de sa vie. Maître que l'on rencontrera plus tard dans le roman lors de sa visite au poète Biezdomny, devenu "fou" lors de sa rencontre avec Woland alors qu'il était avec Berlioz. Son œuvre traite du jugement de Yeshoua par Ponce Pilate et des événements qui font suite à la décision que Pilate va prendre. C'est après plusieurs critiques incendiaires qu'il va aller en maison psychiatrique.

Voila pour les grandes lignes. Après avoir lu l'avant propos on ne peut que faire le rapprochement entre Woland et Staline lors des purges qui portent son nom ( les événements qui ont lieu à Moscou pendant le séjour de Woland et de sa suite auront pour effet de faire disparaitre et rendre fou le personnel du Théâtre des variétés ).

Et pour finir, mon ressenti. J'ai dévoré ce roman jusqu'à arriver à 200 pages de la fin où j'ai fait une pause parce que je voulais savourer le plaisir de ma lecture. Le mélange de récit historique, critique sociale et conte fantaisiste est maîtrisé tout du long. L'histoire d'amour m'a particulièrement touché par son côté triste, heureux et douloureux qui l'a rend d'autant plus réaliste. Le sens moral du roman ainsi que la confrontation entre le bien et le mal, entre Jerusalem et Moscou est perceptible lors des discours de Pilate et de ceux du Maître. Tout deux se posent beaucoup de questions sur le sens de la vie et de la morale et cela rend la lecture encore plus intéressante.

Pour clôturer une épitaphe tirée du Faust de Goethe présente sur la page précédente au début du roman :

"Je suis celui qui veut éternellement le mal mais toujours fait le bien"