[Paul Beorn] La pucelle de Diable-Vert (diptyque comprenant "La perle et l'enfant" + "Le hussard amoureux")

Année d'édition : 2010 (pour les deux tomes)
Edition : Mnémos
Nombre de pages :
La perle et l'enfant : 240
Le hussard amoureux : 300
Public visé : Adulte et Young Adult
Quatrième de couverture :
Jéhanne est une Rouge, un soldat du Bailli, et ses origines plutôt modestes lui valent de s'appuyer sur un solide bon sens. C'est peut-être ce même bon sens qui la rend si peu sensible à la magie, alors que celle-ci semble envahir le Royaume. Tout le monde veut aller à Diable-Vert, cette cité pauvre des confins destinée il y a peu à un oubli complet.
Lorsqu'on lui demande d'aller enquêter sur la nature du mystérieux phénomène, Jehanne se retrouve plongée au coeur d'une situation qui la dépasse. Dans un monde en guerre où les hommes semblent devenus fous, elle n'a pour garder les pieds sur terre que sa morale simple, une perle aussi bavarde qu'impertinente à son oreille et un bébé dans les langes qui attire d'étranges convoitises.

Note : je fais une seule fiche pour le diptyque car il s'agit d'un one-shot coupé en deux par l'éditeur, donc la lecture des deux tomes est indispensable pour avoir le roman complet. De ce fait, je ne mets pas la 4ème de couveture du tome tome, car elle spoile la fin du tome 1.
Si les modérateurs préfèrent que je fasse quand même une deuxième fiche pour Le hussard amoureux, pas de souci, je m'en occuperai !

C'est un roman qui ne s'oublie pas. Le style est sublime, entre tournures anciennes et syntaxe moderne ; l'univers très bien décrit, surtout la ville de Diable-vert ; le mystère est là à chaque page... Ce qui m'a plu, surtout, ce sont les personnages.
Le personnage principal, Jéhanne, est très attachante. Elle devient carrément extraordinaire d'humanité vers la fin de ce premier tome. Et Abel, la perle, son compagnon (oui, vous avez bien lu ) : je le trouvais insupportable, jusqu'au chapitre où il dévoile le pourquoi du comment il a été transformé en perle. La compassion m'a envahie comme une vague (le fou rire aussi, j'avoue ^^), et après cela je n'ai pas cessé de l'apprécier davantage page après page.

Le tome 2 continue droit sur la lancée du 1 : on reprend pile là où on a laissé Jéhanne, la pucelle, et Abel, la perle. Heureusement que j'avais ce tome 2 sous la main au moment de finir le tome 1, sans cela, j'aurais commis un librairicide...
J'ai dévoré les pages, sans regarder l'heure ni prendre le temps de m'arrêter entre deux chapitres. J'ai parfois grincé des dents, à cause de certains retournements de situations trop soudain (les fameux deus ex machina), mais, au final, l'atmosphère de conte participe à justifier ces fameuses surprises scénaristiques. Cela reste dans la logique du conte, où l'espoir est permis même quand tout semble perdu : une force extérieure sera toujours là pour nous sauver.
Et le style... ce style ! Je ne sais pas si c'est parce que je m'en étais complètement imprégnée en lisant le tome 1, ou si l'auteur a gagné en maîtrise d'un tome à l'autre, mais alors c'était... beau, puissant, poignant. De ce point de vue, La pucelle de Diable-Vert constitue un ovni littéraire !

Ce diptyque a le parfum des grandes épopées, mais ses personnages restent à taille humaine. C'est ce que j'ai le plus aimé en fait :)

Je reprends directement ce que j'avais noté sur mon blog, début 2011...

Les romans de ce diptyques font partie de ceux qui m'ont le plus positivement marquée en 2010, un vrai coup de cœur. Je fais partie du lectorat visé par ce type d’ouvrage. Je dirais même plus, j’ai eu l’agréable sensation que le roman avait été écrit un peu exprès pour les femmes comme moi (ce qui n’a certainement pas été le cas, bien entendu) cependant j’espère que vous comprenez ce que j’essaye d’exprimer : la rencontre s’est vraiment faite avec cette « pucelle ». J’aurais suivi Jéhanne, sa perle et le baba où qu’ils aillent.

Ce que j’ai particulièrement adoré, c’est le style, l’écriture, qui tout légers qu’ils soient n’empêchent pas les personnages de vivre des expériences difficiles, rendant celles-ci supportables pour le lecteur.
Les personnages sont terriblement vivants, présents, leur personnalité suinte entre les lignes. Du coup, je les ai trouvés irrésistiblement attachants. En particulier Jéhanne, bien entendu, bout de femme qui lève des montagnes grâce à son caractère entier et un peu buté, même quand tout semble la dépasser. Le regard de l’auteur sur le développement de son attachement pour le bébé trouvé au bord d’une route est d’ailleurs remarquable, je trouve, tout en finesse. Ce qui était au départ un devoir (sauver un très jeune enfant) devient la motivation principale de la jeune femme et de son compagnon d’infortune pris sous le joug d’un sortilège… Compagnon qui n’est qu’une voix et qui pourtant possède une sacrée présence.
Ce roman parle avant tout de choix et de libre arbitre, c’est peut-être cette thématique universelle qui m’a autant accrochée, mais je pense que le traitement des personnages est quand même pour beaucoup dans mon coup de cœur.

L’autre point que j’ai apprécié, c’est la liberté que j’ai eu pour m’approprier les décors. Même si l’auteur fait des clins d’œil nombreux à l’histoire de Jeanne d’Arc, à aucun moment je n’ai imaginé un univers médiéval, bien au contraire.
J’ai adopté inconsciemment une ambiance XVIIème siècle, très film de cape et d’épée. Avec des pégasels en plus…

Plus d'un an après la lecture de ce dyptique, il m'en reste un sentiment mitigé.

D'un côté, un style incroyable de par son originalité. L'impression de lire de l'ancien français sans que ça en soit complètement. Une langue qui n'est pas tout à fait la nôtre, et qui pourtant se comprend aisément. Le style à lui tout seul nous plonge dans l'ambiance du roman, nous prend tout de suite par la main pour nous amener dans un autre univers.
Des personnages aussi, très attachants. Personnellement, c'est surtout à la Perle que je me suis attachée, plus qu'à Jehanne. Ce personnage construit uniquement à travers ses dialogues (et quelques réactions de la perle que s'imagine Jéhanne, si je me souviens bien) est un véritable tout de force de l'auteur. Il est là, présent, vivant, et pourtant il n'est qu'une voix.
Des éléments de l'univers qui m'ont beaucoup plu aussi, tels que les Pégasels, mais trop peu exploités à mon goût (j'y reviens dessous).

D'un autre côté, une histoire qui avec un peu de recul m'a donné l'impression de rester trop en superficie. L'auteur introduit quantité d'éléments constitutifs de son univers, mais je suis ressortie des livres en ayant l'impression de ne pas connaître cet univers, d'être incapable d'en comprendre les fondements, le fonctionnement. Gaby a sans doute raison en parlant de conte, mais pour moi il y a un équilibre qui n'a pas été trouvé. Le roman est trop intimiste pour qu'on puisse vraiment le lire comme un conte, et sans doute trop métaphorique pour qu'on puisse vraiment le lire comme un roman. Au final, c'est l'histoire en elle-même qui m'a déçue. L'auteur n’approfondit aucun des éléments essentiels de son histoire, il les survole trop à mon goût. La fin est pour moi particulièrement symptomatique de ce soucis. C'est pourquoi j'avoue aujourd'hui hésiter à me lancer dans son nouveau roman...

j'adore les couvertures

dans ma pal merci !