[Tom Rob Smith] La Ferme

Année d'édition : 2014
Edition : Belfond
Nombre de pages : 331
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : Ta mère... elle ne va pas bien. Elle s'imagine des choses – des choses terribles, terribles. Elle est à l'hôpital. Elle a été internée.

Un appel de son père. Quelques mots. Et Daniel qui imaginait ses parents profiter de leur retraite dans une charmante ferme suédoise voit son monde basculer. Et puis un autre appel. Sa mère.

Je suis sûre que ton père t'a parlé. Cet homme ne t'a dit que des mensonges. Je ne suis pas folle. Je n'ai pas besoin de médecin. J'ai besoin de la police.

Deux histoires. Deux vérités. Qui croire ? Jusqu'où Daniel sera-t-il prêt à aller pour lever le voile ? Au risque de découvrir des secrets plus terribles encore...

Après la trilogie Enfant 44, Tom Rob Smith nous livre un chef-d'oeuvre de suspense psychologique. Un roman paranoïaque et hautement compulsif, inspiré d'un épisode traumatisant vécu par l'auteur et sa famille.

La Ferme est un roman de secrets. Quand les masques tombent, d'autres prennent le relais, on passe des doutes aux faux-semblants, des soupçons à l'incertitude. Et jusqu'au bout, quoiqu'on imagine, malgré les pistes que l'on explore, reste la surprise.

Le roman commencé, il fallait que je le termine : je ne supporte pas l'injustice, et la situation de cette mère désespérée se tournant vers son fils unique, son dernier espoir, me tordait les tripes. Que son récit soit le fruit d'hallucinations ou les preuves d'un complot odieux, on sent le désespoir du narrateur, Daniel : il pensait ses parents heureux, réalisant un vieux rêve de retour à la terre, et il les découvre différents, déchirés.

Daniel aussi vit dans une certaine forme de mensonge, a des secrets pour ses parents. C'est pourquoi leur éloignement était si pratique, lui en Angleterre, eux en Suède. Daniel a grandi en se contentant de cette image de foyer paisible , de parents amoureux et aimants. Ce qu'il sentait si solide sous ses pas s'effondre en quelques heures.

C'est aussi un roman initiatique, puisque cet épisode de la vie de Daniel va le forcer à devenir acteur de sa vie : il ne peut plus s'arranger entre la fuite et la passivité, il lui faut agir pour aider ses parents, prendre des décisions enfin.

J'ai retrouvé un peu de la froideur analytique des romans suédois qui désosse les rapports humains impitoyablement. Les émotions sont mises à nues ; les personnages parlent posément et avec intelligence de leurs ressentis, qui deviennent aussitôt plus tranchants, plus incisifs. C'est à la fois pudique et  violent, à l'image des fermes dont l'auteur nous parle : isolées, noyées par la neige, en apprence si tranquilles, mais recelant bien des non-dits et des drames.

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