Année d'édition : 1996
(la 1ère en 1993)Edition : Folio
Nombre de pages : 91
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : "C'est un conte bref, très habilement composé pour donner un effet de reproduction d'une ancestrale tradition, venue de la littérature orale. Récit peu surprenant, car très respectueux des schémas simples - le désir de richesse ; la crédulité des hommes face au leurre de l'argent ; la difficile conquête de l'objet censé apporter la richesse (ici, des saphirs) - et structuré par toutes les étapes obligées de la dépossession - accidents, naufrages, attaques de corsaires, morts, errances, pauvreté plus grande qu'avant l'acquisition de la supposée fortune, dénuement définitif. À quoi s'ajoutent des rituels plus particuliers à Yourcenar, comme l'automutilation. Plus encore que l'anecdote, c'est l'atmosphère de ce conte qui préfigure les Nouvelles orientales."
Josyane Savigneau.
Ma lecture :Lire la
La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt m'a donné envie de découvrir beaucoup d'auteurs, Marguerite Yourcenar entre autres.
Ici, il s'agit d'un recueil de trois nouvelles. Le premier ,
Conte Bleu, est un conte assez classique où la couleur bleue est omniprésente. La quatrième de couverture en parle très bien, il est en effet construit de façon classique et m'a fait penser aux Contes des
Mille et Une Nuits.
Le premier soir est la nouvelle qui m'a le plus marqué : récit du premier soir des noces d'une jeune femme et de son mari plus âgé, c'est l'étalage sans fards des pensées cruelles et désabusées de cet homme qui n'aime ni ne respecte sa jeune épouse, sachant déjà la désillusion qui l'attend au lendemain de ses noces, une vie d'habitudes auprès d'une ombre déjà fanée. C'est un récit bouleversant, écrit par le père de l'auteure et remanié par elle des années après. Il dépouille l'humanité du vernis des sentiments, de tout romantisme.
Maléfices raconte comment , lors d'un exorcisme dans un petit village, une jeune femme va acquérir le statut de sorcière : le regard des autres, leur façon de la percevoir ,change irrémédiablement. Elle y gagne un respect étrange.
Ce premier contact avec Marguerite Yourcenar ne sera pas le dernier. J'ajoute que le préface écrite par Josyane Savigneau est particulièrement bien faite et m'a permis de faire connaissance avec l'auteure.
"Il se demanda ce qu'elle pensait. Pensait-elle à cela ? Ou, pour mieux dire, pensait-elle ? Tant de femmes ne pensent à rien. Etait-elle vraiment assez simple pour attendre de la vie la révélation d'un secret, quand elle ne nous apporte que d'incessants rabâchages ? " (p.44; Le premier soir)
"Elle lui dit : -Comme vous êtes bon !
Elle lui pris la main. Il fut flatté qu'elle lui attribuât précisément cette qualité qu'il n'avait pas et regrettait de ne pas avoir." (p.51; idem)