Hellza succube des enfers
Messages : 3681 Points : 3808 Date d'inscription : 31/07/2012 Age : 44 Localisation : Les Terres Désolées
| Sujet: [Marie-Gisèle Lande-Fuss] Une baraque rouge et moche comme tout, à Venice, Amérique... Jeu 3 Nov - 18:45 | |
| Année d'édition : 1985 Edition : Gallimard Nombre de pages : 248 Public visé : Adulte Quatrième de couverture : La narratrice arrive à Venice, quartier de Los Angeles peuplé de paumés, de drogués. Elle-même se bourre de certaines pilules. Elle finit par se retrouver dans une maison en briques rouges, sur la plage, un étrange " Centre de réhabilitation " pour drogués. Pendant un an, elle va y mener une vie incroyable, terrifiante, cruelle et salutaire, une vie qui n'est peut-être pas dépourvue d'amour. | |
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Hellza succube des enfers
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| Sujet: Re: [Marie-Gisèle Lande-Fuss] Une baraque rouge et moche comme tout, à Venice, Amérique... Jeu 17 Nov - 14:58 | |
| J'ai vu la couverture, bizarre, un peu moche en fait. Le titre, bizarre aussi, un peu longuet. Et le nom de l'auteure, complètement inconnu de moi et franchement à rallonge... La quatrième de couverture m'a plu, je me suis dit : « Ou tu vas détester, ou tu vas adorer ». La narratrice est française. Elle a 36 ans, est journaliste.Elle échoue sur une plage, sans savoir trop pourquoi elle est venu en Amérique : des vacances ? le boulot ? suivre un amant du moment ? Elle vit au rythme des prises de ses "petites chéries" comme elle appelle ses pilules de drogue. Quand le roman débute, on sent que cette liberté que revendique haut et fort la narratrice est en fait un esclavage total à la drogue. Elle rejoint un centre de réhabilitation tenu par Isaac, sorti de prison six ans auparavant : cet ancien tox a décidé d'aider les autres. Il a dégoté des "sponsors" un peu mystérieux, et peut accueillir plus de 60 personnes dans sa baraque rouge et moche. La réhabilitation passe par l'abandon des biens matériels dans un premier temps. Puis vient le sevrage, brutal, mais accompagné par tous les habitants de la baraque, qui veillent , nourrissent et lavent le nouvel arrivant. Ensuite, du travail leur est proposé, par étapes, jusqu'au départ. Tout est organisé, même le droit de s'envoyer en l'air, même la possibilité de dire ses quatre vérités à un autre habitant de la maison. L'organisation pour la maîtrise. Vers la guérison. Il y a des échecs, mais le fait est que ça marche souvent aussi. Surtout, tout repose le la notion de libre arbitre : on ne pousse pas les autres à guérir, c'est un choix personnel. La narratrice va devoir faire face aux décisions qu'elle a prises jusqu'ici, se rendre compte qu'elle se sent très seule en fait, et qu'elle est dans la fuite permanente. Elle n'en était pas malheureuse parce qu'elle planait et s'était convaincue que c'était elle qui maîtrisait tout. Quelles ruines va-t-elle trouver à sa descente de son paradis artificiel ? Comment est sa vie "réelle" sans les couleurs de ses "petites chéries" pour adoucir les journées de boulot, les conflits avec ses copines, les ruptures avec ses amants ? Qui est encore auprès d'elle, d'ailleurs, que la drogue n'a pas découragé, éloigné ? Les décollages, le manque, les délires, le mensonge, le sexe : tout est offert, nu, sans artifice. J'ai beaucoup aimé la façon d'écrire de l'auteur, que j'ai trouvé agréable et fluide. C'est comme un discours, avec beaucoup de virgules, de points de suspensions, de bouts de phrases parfois tronqués : ce texte pourrait être lu, d'une traite, il est fait pour ça. J'ai donc été totalement emballée par ce roman. Un coup de cœur !
Un petit extrait : « Bobards. Tout ça, c'était moi, hier. La vérité, c'est moi aujourd'hui. Frenchie. Née au pays de la came. Et laveuse de murs dans un centre de réhabilitation, à Venice, Amérique. Et dernière-née d'une famille nombreuse, soixante-deux petits frères ets oeurs, s'il-vous-plaît. Et moche comme tout... La vérité c'est qu'en deux semaines de chambre jaune, de plateaux, de mains masseuses, de sourires réhabilités, l'Amérique m'a fait dégueuler mon identité » | |
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